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Paul ARIES - Site Officiel
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4 septembre 2012

Intervention au colloque Assemblée nationale du PG - Droit et écologie dans la campagne de 2012…

 

La question posée est simple : comment utiliser le droit pour faire avancer la cause écologique. Il est important tout d’abord de différencier deux usages possibles du droit. 1) Tout d’abord, le procès civil ou pénal intenté aux fauteurs de dommages écologiques : on assiste depuis trente ans à une multiplication de ce type d’affaires en France et à l’étranger. Ce droit de l’environnement reste d’ailleurs principalement jurisprudentiel et civil. Ces procès ont cependant trois limites : ils reposent souvent sur une inégalité considérable de moyens (notamment en raison des coûts des expertises) entre fauteurs et victimes des dommages ; ensuite le risque écologique est très difficilement prouvable au regard des normes juridiques : comment satisfaire, par exemple, à la règle des trois unités (unité de temps, de lieu, d’action) pour des dommages comme le trou dans la couche d’ozone, l’érosion de la biodiversité, etc ; enfin ce premier type de procès fonctionne largement dans le cadre du droit existant, il part donc de ses présupposés c'est-à-dire de la hiérarchie actuelle des normes juridiques. Exemple : le droit des publicitaires à afficher prime celui des citoyens à être protégés de toute agression. 2) Les procès issus de la désobéissance civile ont pour objectif de faire avancer le droit en retournant l’accusation, il ne s’agit donc pas d’un retour à l’illégalisme du XIXe siècle, mais de l’interpellation de la justice via l’opinion publique grâce à la mobilisation citoyenne. Les actes délictueux sont revendiqués et ne sont donc pas commis dans l’ignorance ou le mépris de la loi, mais au nom justement d’une conception jugée supérieure du droit, c’est-à-dire, le plus souvent au nom d’une autre hiérarchie des normes juridiques et des valeurs morales. C’est ce que j’ai pu argumenter chaque fois que je fus cité comme « témoin », par exemple, lors du procès pour le démontage du McDonalds de Millau ou lors de ceux intentés contre les déboulonneurs anti-pub de Montpellier ou contre les faucheurs volontaires d’OGM. Ces procès sont recherchés afin d’interpeller l’opinion, bref pour organiser un retour au politique. Ils sont donc proches de ceux intentés dans le cadre des « tribunaux d’opinion ». Le premier fut le tribunal Russel de 1966 pour juger des crimes de l’armée américaine au Vietnam. Le plus célèbre est cependant le Tribunal Permanent des peuples, fondé à Bologne en 1979, par le théoricien/sénateur socialiste Lélio Basso. J’ai lancé, en 2012, avec René Balme, le Maire de Grigny (Rhône), au lendemain de la nouvelle catastrophe nucléaire Japonaise, l’idée d’organiser un nouveau tribunal Russel pour juger des crimes du nucléaire civil. Le but est toujours le même : dénoncer sous une forme juridique, et pas seulement moral ou politique, des actes jugés répréhensibles : il s’agit certes de sentences sans effets juridiques immédiats mais dont le but est de mettre le droit en scène au nom d’une certaine efficacité du discours juridique (concepts et mécanismes) entendus comme médiation nécessaire du politique. Ce type de coup peut être parfois mal porté : ainsi lorsque vingt lauréats du prix Nobel intentent, sous l’égide de l’ONU, un procès à l’Humanité pour dégradation de l’environnement…On peut se demander en effet si c’est l’Humanité qui est globalement responsable, ou plus exactement si cette mise en avant d’une responsabilité anthropique indifférenciée ne sert pas à masquer la responsabilité des pays riches, c'est-à-dire in fine du capitalisme productiviste. La Banque mondiale estime que les pays pauvres supporteront 80 % des effets négatifs du réchauffement climatique alors qu’ils ne sont à l’origine que de 24 % des émissions des GES Les émissions de GES des Etats membres du G8 n’ont globalement pas cessé d’augmenter entre 1990 et 2004 (+ 28 % au Canada, + 16 % aux Etats-Unis, + 6,5 % au Japon, - 0,6 % en Europe grâce à une délocalisation des industries les plus émettrices de GES…Seule la Russie a réduit massivement ses émissions (- 32 %) mais en raison de l’effondrement de l’URSS. Les notions et les mécanismes juridiques ne sont jamais neutres politiquement (socialement), c’est pourquoi, il y a une véritable lutte au couteau entre plusieurs conceptions juridiques…Or, les gauches françaises sous-estiment trop les enjeux dans ce domaine et apparaissent en retard par rapport aux propositions de certains pays du Sud en matière notamment de justice écologique. Un premier conflit oppose ceux qui veulent laisser à l’ONU (notamment à sa Commission) la responsabilité de conduire la lutte contre les dérèglements climatiques et ceux qui entendent la confier aux grandes institutions du capitalisme financier international comme le G8 ou le G20. L’ONU, parce qu’elle est une organisation plus démocratique, entend mieux certaines revendications des pays pauvres même si son idéologie reste foncièrement capitaliste. Ainsi dès son traité fondateur, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC), en charge depuis le Sommet de la Terre de Rio de 1992 des négociations sur le climat, admet l’idée d’une « responsabilité commune mais différenciée » c'est-à-dire que reconnaissant la responsabilité historique des pays industrialisés, principaux pollueurs et émetteurs de gaz à effets de serre, elle considère que les efforts en matière de lutte contre le dérèglement climatique doivent reposer principalement sur les pays riches. C’est pourquoi le premier cycle de négociations de la CCNUCC, conclu en 1997 par la signature du protocole de Kyoto, fixait des normes contraignantes pour ces seuls pays et ceci seulement jusqu’en 2012, dans l’espoir que les Etats-Unis et le Canada ratifieraient d’ici là (le protocole de Kyoto ne fut en fait appliqué que depuis 2005 c'est-à-dire lorsque 55 Etats représentant globalement 55 % des émissions mondiales de GES l’ont ratifié). Les négociations post-Kyoto n’ont cependant pas tournées au bénéfice de la CCNUCC. L’échec du sommet de Copenhague (décembre 2009) et le faux-accord de Cancun (décembre 2010) ont permis aux adversaires de l’institution onusienne d’avancer leurs pions. Le Président Sarkozy a ainsi justifié cet échec par la lourdeur des mécanismes onusiens et expliqué ce qu’il considérait être le meilleur système de gouvernance mondiale : « à terme, le système auquel je rêve (…) c’est un système très simple où nous aurions le FMI en charge de la stabilité financière, monétaire et de la lutte contre les déséquilibres, une organisation mondiale de l’environnement en charge de l’application des règles environnementales, une organisation agricole qui ne soit pas divisée en multiples organisations, une organisation mondiale du commerce et un ordre mondial qui se mettra en place par la biais de la question préjudicielle qui organisera les rapports entre ces entités internationales. » (Conférence de presse du 24 janvier 2011). Ce choix de sacrifier les mécanismes collectifs contraignants au bénéfice d’engagements unilatéraux ne constitue pas uniquement un changement procédural mais une modification de paradigme en matière de lutte contre les dérèglements climatiques. C’est l’idée même d’une « responsabilité partagée mais différenciée » qui est ainsi remise en cause. Les pays pauvres, regroupés au sein de G77, l’ont bien compris, c’est pourquoi ils ont dénoncé ce sabotage de l’ONU (sic) tout en rappelant que les grands émetteurs de GES ne seront pas les premiers à subir les conséquences négatives du réchauffement alors que les pays les moins industrialisés, dont les émissions sont marginales, seront les premiers à les subir avec la montée des eaux, la perte de la biodiversité, les sécheresses, la famine, etc. Depuis Copenhague, les Etats-Unis ont choisi d’imposer de façon plus brutale leur vision, en faisant pression sur les Etats pauvres pour qu’ils votent en leur faveur et en sanctionnant ceux qui votent contre (ainsi la Bolivie et l’Equateur ont perdu une part conséquente de leur aide au développement pour avoir conduit à Kyoto le combat contre les positions étasuniennes). Aussi, un nouveau texte très proche de celui refusé à Kyoto a été imposé à Cancun puis officiellement adopté, malgré l’opposition de la Bolivie, c‘est à dire en violation du principe juridique de l’unanimité qui présidait jusqu’alors aux décisions dans ce domaine. Conséquence : chaque Etat est désormais libre de choisir l’année de référence pour calculer ses engagements en matière de réduction de GES, et ceux qui ne retiendraient pas 1990, comme année de référence, échappent au caractère contraignant de leurs engagements. Il ne s’agit cependant pas seulement d’un jeu de dupes ni même de l’adoption du mécanisme des engagements unilatéraux mais d’un véritable changement de l’esprit même de la lutte contre le dérèglement climatique avec la remise en cause du principe de la responsabilité différenciée, c'est-à-dire l’oubli du passé donc du passif des pays riches. Cette solution est inacceptable puisqu’elle efface la responsabilité particulière des pays du Nord. La justice écologique ne peut pas davantage se réduire à la seule notion de justice climatique, car il y a beaucoup d’autres problèmes que celui du seul réchauffement climatique comme l’érosion de la biodiversité, comme la crise de l’accès à l’eau potable et celle de l’alimentation, etc. L’objectif désormais est de rentabiliser les actions dites « propres » en permettant aux firmes d’obtenir des certificats d’émissions négociables (« droits à polluer ») en échange des projets d’investissement « écologiques » réalisés dans des pays pauvres ou émergents (Chine). Ce mécanisme aboutit à privilégier les projets les plus rentables financièrement et participe à la création d’un véritable marché carbone avec ses bulles financières et ses spéculateurs. Il produit aussi des effets négatifs comme on le voit avec le dispositif de lutte contre la déforestation (REDD) qui aboutit à remplacer les forets primaires par des plantations industrielles d’essence à croissance rapide contribuant ainsi à la destruction des écosystèmes. Les acteurs du nucléaire et certains pays comme la France et les Etats-Unis souhaitent d’ailleurs faire reconnaître le nucléaire comme une industrie « propre » donnant droit à des certificats d’émissions ; les fabricants d’OGM font également pression pour faire reconnaître les « semis directs » (sans labour) comme des MDP (mécanismes de développement propre), ce qui ferait officiellement des OGM des instruments de lutte écologiques et spéculatifs.

 

Les gauches françaises ne seront à la hauteur de ces enjeux juridico-politiques que si elles portent à la fois cette critique et si elles participent à l’élaboration de véritables alternatives. Les conditions d’une autre politique ont été développées notamment par les organisations et mouvements sociaux regroupés au sein de la coalition CJN ! (Climate Justice Now ! ). Elles comprennent une série de propositions comme la reconnaissance de la dette climatique via des transferts financiers ou de technologies des pays industrialisés vers les pays du sud ; l’abandon des politiques extractives (pétrole, charbon, gaz, uranium, gaz de schistes) et néo-extractivistes (monoproductions notamment agricoles) ; le rejet des mécanismes de marché au profit de taxes sur les émissions et de mécanismes de soutien à l’agriculture de proximité. « L’Accord des peuples », issu de la Première Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre Mère organisé à Cochabamba en Bolivie, fédère également une série de propositions : l’exigence que l’ensemble des pays membres de la CCNUCC s’engage sur des objectifs de réduction de leurs émissions de GES sur la base naturellement du principe de la « responsabilité commune mais différenciée », la reconnaissance de la dette écologique des pays industrialisés avec la mise en place d’un fonds d’adaptation au profit des pays pauvres et l’accueil et intégration des réfugiés climatiques. « L’Accord des peuples » demande également que soit adoptée une Déclaration universelle des droits de la Terre Mère comme charte additionnelle à celle des Nations-Unies, il recommande la mise en place d’un Tribunal international pour la justice climatique et environnementale, doté de pouvoirs de sanction permettant de juger les Etats et les industries coupables de pollution. Il prône enfin l’organisation d’un référendum mondial sur la question du changement climatique, par le biais duquel les citoyens de la planète seraient invités à se prononcer sur les principales propositions de l’accord de Cochabamba

 

Les gauches françaises pourraient d’ici 2012 faire campagne notamment sur deux thèmes.

1) Celui de la justice écologique (conception plus large que la seule justice climatique). Cette éco-justice doit être entendue de deux façons. Tout d’abord elle concerne les relations Nord/Sud avec la reconnaissance de notre dette écologique envers les pays les plus pauvres. Ensuite elle concerne les relations entre les riches et les pauvres de chacun de ces pays. Il s’agit donc avec la justice climatique de prôner une option préférentielle pour les pauvres qui renoue d’ailleurs avec l’histoire même de cette notion apparue initialement aux Etats-Unis, au milieu des années 1980 dans le cadre de la lutte contre les inégalités sociales/raciales. La notion de justice écologique est le résultat de nombreuses études réalisées afin d’établir un lien entre la composition éthno-raciale des populations et la proximité des sites dangereux : un rapport de 1987 précise que les trois cinquième des noirs et des hispaniques vivent dans des communautés où se trouvent des sites de déchets non surveillées ; un second rapport de 1992 établit si la couleur de la peau est effectivement le meilleur indicateur de localisations des déchets toxiques, elle explique aussi les différences de traitements mis en œuvre : la pollution dans les quartiers pauvres est toujours considérée comme moins grave ; les sanctions prises sont plus rares et plus faibles et les actions entreprises pour nettoyer les sites moins fortes. Cette notion de justice écologique est donc essentielle en France aussi pour montrer le caractère de classe de l’origine des dommages et de leurs conséquences mais aussi pour inventer des alternatives qui ne pénalisent pas les plus pauvres au nom de l’écologie. Je rêve d’une campagne électorale où l’on ferait l’inventaire des inégalités sociales en matière de qualité de vie, face à la localisation des déchets toxiques et des industries dangereuses. Je rêve d’une campagne qui ne se bornerait pas à dénoncer cette situation immorale mais qui avancerait des mesures concrètes comme la gratuité du bon usage pour réparer ces préjudices de classe.

2) Celui de non-extraction. L’un de ses emblèmes de ce combat est le projet équatorien ITT/Yasuni c'est-à-dire le renoncement à exploiter 850 millions de barils (pétrole situé dans un parc naturel), en échange d’une contribution internationale couvrant 50 % de la manne financière qui aurait été possible. La gauche doit s’engager en faveur de ce projet, mais elle doit aussi affirmer que cette politique de non-extraction nous concerne aussi, puisque la meilleure façon d’être fidèle au projet Yasuni c’est de faire mille projets Yasuni, c'est-à-dire de laisser dans notre sous-sol les ressources rares ou dangereuses comme les gaz de schistes. Ce combat anti-extractiviste n’a de sens que si nous affirmons qu’il ne s’agit surtout pas de remplacer le pétrole par une autre énergie afin de continuer à vivre de la même manière. Ce combat est donc inséparable d’un nouveau modèle de société fondé sur le « buen vivir » (le bien vivre), par opposition au « bien être occidental » entendu comme la société capitaliste. Je rêve d’une campagne où l’on apprendrait à conjuguer le « Bien vivre », la « vie bonne », les « jours heureux » avec le principe de non-extraction des ressources les plus dangereuses. Je rêve d’une campagne où le « bien vivre », la « vie bonne », les « jours heureux » viendrait s’opposer à la notion de « juste-adaptation », ce nouveau maître mot gouvernemental qui vise à adapter la planète aux besoins du toujours plus, aux besoins du productivisme, au moment même où le pouvoir fera adopter le premier plan national français d’adaptation.

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4 septembre 2012

Entretien autour du socialisme gourmand, La découverte

 

A la veille des élections présidentielles et législatives, Paul Ariès publie Le Socialisme gourmand, petit traité politique du Bien-vivre (La Découverte). Un ouvrage de synthèse qui défend une Objection de croissance, ancrée dans les gauches et amoureuse du Bien-vivre.

Simon Lecomte : Tu dis que ton nouveau livre est celui d’une défaite assumée et d’un immense espoir. Tu évoques la gigantesque banqueroute des « socialismes réels ». Tu sembles cependant reprendre très vite espoir, ce qui ne surprendra pas ceux qui te côtoient...

Paul Ariès : J’avoue avoir eu souvent, ces dernières années, la gueule de bois idéologique. J’ai toujours fait l’éloge du doute mais l’horizon a semblé bien des fois bouché.   Je répétais certes qu’il ne fallait pas se laisser envahir par le discours anxiogène et fataliste qui participe tant à la répression de la vie; mais je me sentais un de ces révolutionnaires devant apprendre à vivre sans révolution. J’aurais aimé me libérer plus tôt de cette tempête pessimiste qui fait ployer les gauches, mais j’avais besoin de cet appel du grand large que représentent les mouvements pour le « Bien vivre ». J’avais dit que je ne finirai cet ouvrage, en chantier depuis des années, que si j’avais la conviction intime que mes nouvelles raisons d’espérer tenaient moins à l’optimisme de ma volonté qu’à un amoncellement de signes témoignant de quelque chose en souffrance, bref de la possibilité d’une victoire. Vitupérer ad nauseam contre l’imposture et les espoirs déçus et trahis aurait été en effet une perte de temps si les conditions n’étaient pas réunies pour ’apercevoir dans le ciel des divers continents les signes annonciateurs d’un nouveau socialisme, d’un socialisme de la décroissance, d’un éco-socialisme, d’un socialisme qui préfère chanter la vie au présent à l’attente de  « lendemains qui chantent ».

Simon Lecomte : Tu cites des dizaines de nouveaux gros mots qui tous cherchent à ouvrir la même porte, qui tous témoignent de la volonté de rompre une sorte d’ensorcellement sémantique : le « sumak kaway » des indigènes indiens, le « buen vivir » (Bien vivre) des gouvernements équatoriens et boliviens, les « nouveaux jours heureux » des collectifs des citoyens-résistants (clin d’œil au programme du Conseil national de la Résistance dont le titre était Les jours heureux),  la « vie pleine » de Rigoberta Menchu (Prix Nobel de la paix 1992),  la « sobriété prospère », la « frugalité joyeuse » ou, encore, les « besoins de haute urgence » du mouvement social en Guadeloupe, etc. Tu développes la thématique d’un nouveau « socialisme gourmand »… Je me souviens que le mot t’est venu…il y a quelques temps déjà, en regardant de nouveau le chef d’œuvre de Théo Angélopoulos « Alexandre le grand », le conflit entre deux révolutions, deux socialismes.

Paul Ariès : Je te remercie de citer Théo car tu sais tout ce que je dois à son imaginaire. Théo est mort le 24 janvier dernier renversé par une moto alors qu’il préparait un nouveau film sur la révolte grecque. Il fait partie des poètes qui frayent devant eux nos chemins d’émancipation. Tous ces nouveaux « gros mots » permettent eux aussi de définir un nouvel horizon émancipateur. J’ai choisi de parler de  « socialisme gourmand » pour penser et marcher en dehors des clous. Parler de « socialisme » c’est continuer à dire que nous avons des ennemis à vaincre, autant le capitalisme que le fétichisme d’État ; c’est rappeler que les socialismes n’ont été croissancistes qu’accidentellement et qu’il est donc possible de penser un socialisme sans croissance. Parler de « gourmandise » permet d’en finir avec l’idée d’un socialisme du nécessaire qui ne va jamais sans générations sacrifiées, donc aussi sans appareil de parti ou d’État gérant cette mal-jouissance. C’est aussi mieux identifier le mal qui nous ronge, ce travail de mort qui caractérise le capitalisme, c’est se défaire des passions tristes y compris dans nos formes d’engagement, c’est avoir foi dans les capacités de régénération des forces de vie, c’est choisir de développer des politiques qui éveillent la sensibilité, le sens moral contre les critères de performance et d’efficacité qui sont ceux du capitalisme. Le pari est que les termes accolés « socialisme » et « gourmand » enfanteront beaucoup plus que leur simple addition. C’est donc prendre au sérieux le constat que les mots sont des forces politiques, des puissances imaginaires qui peuvent faire bouger des montagnes si elles émanent des masses…

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Simon Lecomte : Il me semble que tu nous dis cependant bien autre chose. Tu consacres un chapitre à ce que tu nommes le socialisme en souffrance. Il s’agit d’ouvrir sur quelque chose qui existe déjà au moins en creux mais que nous ne percevons pas, qui reste innommable, non-représentable, inactuel mais dont nous avons besoin pour être du côté du vivant. Tu dis qu’une gauche qui fréquente trop assidument le système ne peut que devenir inauthentique. Tu ajoutes qu’une autre gauche n’a pourtant jamais cessé d’exister, de résister et même de créer. Il s’agit de nous émanciper de la contrainte de (nous) penser dans les catégories de nos adversaires, avec leurs agendas, leurs ordres du jour, leurs priorités et leurs limitations, leur insensibilité, leur forclusion.

Paul Ariès : Je fais appel à une notion proposée par Jean-François Lyotard : une parole peut être dite « en souffrance » en raison de sa trop grande différence, lorsqu’elle échappe aux catégories de perception et de conceptualisation dominantes, lorsque le régime des phrases ou les genres établis sont tout simplement incapables de l'accueillir. Ainsi, les manifestations du socialisme gourmand échappent aux catégories du sentir et du dire qui sont devenues celles des gauches moribondes. Combien a t-il fallu batailler pour convaincre que refuser la malbouffe, combattre la « sportivation » de la vie, c’est aussi faire de la politique du point de vue des dominés ? Pourquoi a-t-il fallu batailler pour faire admettre que le Slow food ou les villes lentes sont déjà des petits bouts de solution ? Rendre le socialisme gourmand possible, c’est donc d’abord le rendre perceptible. La gauche n’a rien vu venir : ni le féminisme, ni l’écologie, ni le racisme de gauche, ni la haine de l’islam, ni le mouvement « queer » et la question des genres, ni l’antispécisme et la nécessité de penser d’autres rapports aux non-humains, ni la montée en puissance de l’individu et celle des communautés, ni la désobéissance, ni la nécessité d’inventer d’autres rapports à la nature. Le socialisme gourmand reste littéralement invisible car nos sens (comme nos idées) sont limités, claquemurés par le système. Lyotard rappelle à juste titre qu’une journée de travail n’évoque jamais la même chose pour un salarié et son patron. J’ai donc voulu rendre compte non pas d’une gauche inexistante mais d’un socialisme largement invisible bien qu’existant déjà partiellement. On ne peut qu’être sidéré devant la cécité face à ce que fut le mouvement coopératif.

Simon Lecomte : Tu opposes ce que tu nommes le socialisme du désir au désir de socialisme. Tu cites Léon Bloy qui prévenait que la colère des dieux s’abattrait sur ceux qui oseraient toucher au désir des pauvres.

Paul Ariès : Le Ciel ne nous est pas tombé sur la tête mais il est de plus en plus difficile d’exister réellement dans cet univers voué à la marchandise et à l’accumulation sans fin… Nous peinons à donner un sens réel à nos existences et nous sommes devenus sourds aux appels à la vie. Le vrai dissensus  est aujourd’hui de parler la langue du plaisir avant celle de la revendication. La gauche n’a pas compris que le peuple n’aurait pas de désir à opposer au capitalisme tant qu’il n’aurait pas de droit au plaisir. Le syndicalisme a régressé lorsqu’il a cessé de faire contre-société. Le féminisme a régressé en exigeant la parité ce qui a marqué le passage de la revendication du droit au plaisir à celle du droit au pouvoir. Souvenons-nous de la consternation de la gauche sage et frigide face aux cortèges féministes dans lesquels les manifestantes faisaient le symbole du vagin avec leurs mains. Le socialisme gourmand prend donc au sérieux l’idée que seul le désir est révolutionnaire. Il ne s’agit plus de combler un manque mais de développer les liaisons sociales : « moins de biens, plus de liens ». Comme le proclamait Deleuze : « Le désir est révolutionnaire parce qu’il veut toujours plus de connexions et d’agencements[1]. La  véritable particule élémentaire, ce n’est pas l’individu, c’est la liaison, le don, la gratuité. Mais en même temps, si le désir est ce qui autorise le plein déploiement de la vie, il est alors aussi ce qui permet que s’opère  l’individuation de l’individu. On peut comprendre dès lors qu’il puisse y avoir de la joie dans les maquis ou durant des grèves dures, longues, à l’issue incertaine. Autant de moments où le combat exprime « la vérité même du mouvement de l’être » c'est-à-dire la « jouissance de l’être comme jouissance d’être » (R. Mishari). Sans cette jouissance d’être, le socialisme ne peut qu’être un échec. Là où le socialisme réel fut si souvent celui de la tristesse, le socialisme gourmand chemine vers une positivité existentielle ; je dis bien chemine, non parce qu’il rencontre des obstacles, mais parce que le bonheur est un acte, pas un état. La jouissance d’être n’est pas contradictoire avec la limite. Elle n’est pas davantage rectiligne. Puisque le désir est multiple et contradictoire, le Socialisme gourmand ne peut donc qu’être polymorphe, symphonique, excédentaire…C’est pourquoi le mouvement pour la réduction du temps de travail (les 32 heures, tout de suite) reste un instrument essentiel de libération. C’est pourquoi il ne peut y avoir de socialisme gourmand sans droit à un revenu garanti. Mais aucune réduction du temps de travail et aucun revenu garanti ne pourront jamais à eux seuls (nous) sortir des années du « plus de jouir » capitaliste, ne pourront résoudre nos angoisses existentielles et nous libérer des réponses capitalistes. C’est pourquoi, il nous faut construire dès maintenant des îlots de socialisme gourmand afin de casser l’imaginaire capitaliste et ce que l’imaginaire socialiste a de capitaliste.

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Simon Lecomte : Tu parles d’un socialisme de la passion que tu opposes au capitalisme.

Paul Ariès : J’emprunte ici l’argumentation sans faille de Plinio Prado. Nous devons en finir avec ce qui restait de philosophie antique dans  les socialismes réels et ne plus être du côté de l’ascèse. Ce programme philosophique fut aussi un programme politique qui s’est révélé néfaste. Face au rigorisme, le socialisme gourmand doit inscrire, au contraire, à son programme le droit à l’intensification et au raffinement du sensible qui n’est nullement le « jouir sans entraves ». Cette thèse est féconde parce qu’elle prend le contre-pied de celle sur la soi-disant crétinisation des masses : les gens sont moins bêtes que désespérés, moins manipulés qu’insensibilisés.  Le socialisme gourmand ne prêche pas une quelconque ascèse corporelle, le refus d’un corps mauvais et putrescible dont il faudrait apprendre à se (dé)fier au profit d’une belle âme pure et immatérielle. Les politiques du « bien vivre » que nous proposons ne sont pas des incitations à s’automutiler. Nous devons réapprendre des mots et des gestes pour nous rendre disponibles aux sentiments. Jean-Luc Nancy propose celui d'adoration. Pourquoi pas si nous lui enlevons toute dimension théologique.  Il s’agit aussi de nous donner des gestes, d’apprendre déjà à se « réincarner » dans nos propres corps. Le capitalisme a pénétré en nous et nous a contaminés : notre corps est le premier territoire à libérer. Nous ne sommes pas sans bagages pour commencer ce voyage :  Je pourrai citer ce travail sur la sensibilité qu’est l’engagement militant, le fait que nos moi se frottent les uns aux autres dans une perspective qui n’est pas celle du profit ; je pourrai citer les mille façons de travailler autrement que développent le mouvement coopératif, l’économie sociale et solidaire, les mille façons de vivre autrement avec l’habitat autogéré, les  AMAP, les SEL, les monnaies locales, le refus de la « sportivation  de la vie » qui va bien au-delà de la nécessaire critique du sport. .

 

Simon Lecomte : Tu expliques longuement comment les gauches ont volontairement sacrifié le syndicalisme à bases multiples, le socialisme et le communisme municipal, le mouvement coopératif…Tu rends finalement ces gauches-là responsables de leur échec. Tu en conclues à la nécessité de faire sécession aujourd’hui. Tu en fais même la condition première d’une issue au capitalisme, d’une refondation d’un nouveau socialisme. N’est-ce pas un point de vue défaitiste ?

Paul Ariès : Ce faire sécession est tout sauf du défaitisme, c’est un appel au protosocialisme. Les gauches du 20e siècle n’ont pas su (ou voulu ?)  développer des réalisations à la hauteur de leur projet ; elles ont abandonné l’idée de faire contre-société et de cultiver leur autochtonie. Elles se sont mises en jachère. Elles ont pensé que la meilleure façon d’avancer vers le socialisme était de camper dans l’enceinte du capitalisme pour y travailler ses contradictions de l’intérieur. Résultat : non seulement le peuple n’existe plus (ou si peu), il n’a jamais été autant intégré corporellement (de par ses modes de vie) et mentalement (de par ses valeurs) dans le capitalisme et le productivisme. Conséquence : les gauches ont fini par y perdre leur âme. Comment se plaindre qu’elles soient devenues gestionnaires alors qu’elles n’ont eu de cesse d’ intégrer les milieux populaires à la nouvelle économie (psychique) capitaliste et au mode de vie qui lui correspond et l’entretient? Ce qui est certain c’est que nous devons multiplier les expérimentations, car seules les marges permettront de recréer une politique vivante. En « permaculture », les marges désignent ces lieux en bordure qui sont toujours les plus féconds, les plus vivants. C’est là qu’on rencontre le maximum de métissage, de biodiversité. Les marges ont donc vocation à devenir autant de lieux de vie, de laboratoires du futur.

 

Simon Lecomte : Tu parles aussi de la nécessité d’inventer un socialisme existentiel. Tu évoques des aspects classiques comme l’invention de nouveaux communs mais tu dessines aussi d’autres perspectives en évoquant la place de la fête et de la fantaisie, en appelant à l’amour et à l’amitié, en invitant à la beauté…Tu parles même de la nécessité d’inventer des exercices spirituels opposés à ceux du capitalisme : l’école capitaliste, la TV-lobotomisation, les sports de compétition, l’agression publicitaire, etc. J’avoue avoir découvert certaines pages bien cachées de l’histoire du socialisme concernant les expérimentations sexuelles, alimentaires, ludiques, etc.

Paul Ariès : ce socialisme pratique que j’évoque est nécessairement métèque : il ne s’agit nullement de songer à un retour aux architectes sociaux, aux systèmes tout fait (Cabet, Weitling, Dézamy…). Le socialisme pratique est nécessairement kaléidoscopique et tourbillonnant. Il n’y a nulle unification a priori, mais il n’y en a pas davantage a posteriori. L’écriture du socialisme gourmand se fait en spirale puisqu’il s’agit de penser des ruptures réelles qui ne sont plus des ruptures globales. Ce qui est contestable, ce n’est pas que les gauches aient voulu questionner la sexualité, l’alimentation, la pédagogie, les astres, etc., mais d’avoir cru au pouvoir, c'est-à-dire à la centralité de la révolution, à la possibilité de changer de vie en imposant des modèles qui écrasent la subjectivité individuelle et collective. Le socialisme pratique répond à la nécessité pour les gauches d’une cure de dissidence. Nous devons accepter le fait que le combat révolutionnaire procède souvent par des détours : la grammaire avec Proudhon, la médecine avec Raspail, la sexualité avec Reich, l’astronomie avec Blanqui, la pédagogie avec Jacotot. Une chose cependant n’a pas changé depuis Marx et Engels, depuis Guesde et Lénine, depuis Paul Brousse ou Benoit Malon : les défaites successives s’expliquent par le refus d’une partie des forces socialistes de tenter de réaliser des « petits bouts » de socialisme. Cet échec fut donc souhaité,  revendiqué, programmé, organisé et finalement réussi et applaudi. Ce sont (presque) toujours les mêmes qui s’opposent au mouvement coopératif, à l’économie sociale et solidaire, à l’extension de la sphère de la gratuité, au nom de la pureté du combat de classe nécessairement frontal, au nom de la construction prioritaire du grand parti révolutionnaire. Songer aux mille façons de construire des « petits bouts de socialisme » demeure iconoclaste même si ce chemin est un des plus courts pour inventer des gauches buissonnières, des gauches maquisardes contre l’impuissance des gauches gestionnaires ou gesticulatoires. Le détour par les expériences historiques est d’autant plus important que la crise sociale et politique actuelle créé les conditions d’un retour au « socialisme municipal », au mouvement coopératif, à un syndicalisme de services, à l’économie sociale et solidaire. C’est enfin la condition pour que la gauche retrouve le peuple.

Simon Lecomte : Tu évoques en effet la nécessité d’un socialisme populaire…

Paul Ariès : Toute la stratégie du socialisme gourmand pose en effet la question du renouveau des cultures populaires entendues comme des cultures pré ou post-capitalistes. Contrairement à l’idéologie dominante, les milieux populaires n’ont pas disparus, ni les gens modestes, ni la classe ouvrière, ni la paysannerie. Parler de socialisme populaire suscite beaucoup de résistances, d’irritations. Il me semble qu’elles sont de même nature que celles suscitées par la mise en cause du dogme de la croissance économique. Certaines résistances sont théoriques. D'autres, esthétiques. Le « petit peuple » n'a jamais eu bonne presse dans les milieux socialistes, à quelques rares exceptions, comme celle d'Orwell qui ne cessa jamais de chercher une sorte de « bon sens populaire ». Michel Surya cite quelques-uns des noms d'oiseaux qui servaient à Marx à disqualifier la plèbe : « masse amorphe, décomposée, ballotée », « vagabonds », « forçats sortis du bagne », « galériens en rupture de ban », « escrocs », « charlatans », « lumpenprolétariat ». Il est erroné de penser que les cultures populaires n’ont été que des sous-produits de la culture dominante, comme s’il pouvait n’exister, dans une société de classes, qu’une seule et unique façon de sentir, de penser, de rêver, d’être. Les milieux populaires ont toujours expérimenté des formes de vie « autres ». Comment faisait-on et comment fait-on pour vivre (et « vivre » malgré tout) et pas seulement survivre, sans beaucoup d’argent, sans épargne ? Quelles valeurs ont-elles émergé de ces modes de vie ? Refuser la primauté des « couches moyennes », c’est refuser le fétichisme de l’économie, celui de l’État et la fausse solution de l’étatisation du capitalisme comme chemin de l’émancipation. La centralité des couches moyennes a été une façon de discipliner les milieux populaires.

Simon Lecomte : Tu évoques aussi ce que tu nommes un socialisme de parole

Paul Ariès : Il ne peut pas y avoir de socialisme gourmand sans appel à la subjectivité, or la subjectivation requiert le langage, mieux, la prise de parole. Les mouvements sociaux récents éprouvent le besoin de renouveler la langue. Ce livre ne fait pas exception.  Le désintérêt des gauches pour le langage a accompagné l’effondrement des projets, la faiblesse des mobilisations, mais aussi la crise de la créativité langagière populaire (malgré l’argot des jeunes des banlieues). Il a accompagné la disparition d’une langue politique qui défie l’ordre. L’histoire des gauches se confond avec celle du pouvoir de la parole, en particulier celle des tribuns : Robespierre, Saint Just…oserais-je dire Mélenchon. Le langage des gauches est devenu étranger, incompréhensible pour le commun. La gauche doit retrouver sa capacité de séduction, de mobilisation mais aussi de compréhension. Je suis heureux que l’on réapprenne à se nommer et à nommer l’ennemi : une des plus grandes victoires de la bourgeoisie est d’avoir rendu innommable sa propre classe. Après le « Président des riches », Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot traiteront dans le Hors série du sarkophage « On change tout » du « président des pauvres ». Jacques Rancière a montré que le nom est ce qui garantit la puissance ; la naissance se fait par la parole ; priver de parole c’est renvoyer dans l’innommable.  J’ajouterai que la parole de gauche doit être de rappeler que les savants n’ont pas le monopole des savoirs.

Simon Lecomte : Tu conclues Le socialisme gourmand par l’éloge du socialisme moral

Paul Ariès : En parlant de morale et pire encore, de socialisme moral, je sais que ne manquerai pas de m'attirer les foudres de tous les gardiens du temple. Mais je suis convaincu  que face aux projets fous du capitalisme vert d’adapter la planète et l’humanité aux besoins du productivisme, nos vieux mots d’ordre économicistes et amoraux seront de peu de poids pour s’opposer aux modifications du climat, à l’exploitation des gaz de schiste, au transhumanisme, etc. Nous avons besoin de partager une vision de l’humanité et une conception de ses rapports à ce qui l’environne qui relève bien du jugement moral et pas seulement des connaissances scientifiques. Si le capitalisme était capable de contraindre les humains à intérioriser son imaginaire amoral, alors nous ne serions déjà plus capables de nous y opposer. Ni en Grèce, ni en Afrique ni en France. Sur quoi prendre appui ? La politique du Bien vivre peut être considérée comme une politique morale. Cette morale est une morale populaire puisqu’elle satisfait le plus grand nombre (les 99 %) mais aussi parce qu’elle entretient, comme le dit Orwell, avec les gens ordinaires des relations privilégiées. J’ajouterai que ma morale est non seulement athée mais qu’elle est celle des passions joyeuses. Les sentiments négatifs vont trop souvent de pair avec les passions tristes qui sont celles du capitalisme. Ce choix des affects positifs  n’est pas seulement conforme à l’essor des passions joyeuses  qui composent le seul aliment dont peut se nourrir le « socialisme gourmand » mais c’est aussi le plus conforme aux grandes passions des gauches qui ont toujours été historiquement des affects positifs. Je pense à l’amour, au partage, la fraternité contre la repentance, l’ordre, la peur des enfers. La gauche peut prendre les armes mais elle n’est pas guerrière. Elle rêve de concorde. Elle est hantée par la question de la non-violence. La droite, elle, est volontiers violente, militariste, prédatrice (ne serait-ce que dans les rapports économiques et dans sa vision des relations humaines). Les terrains de jeu de la gauche sont peu virils : la paix, le pain, la santé, l’éducation, autant de figures féminines dans son Panthéon qui ne sont d’ailleurs pas tant des allégories que de vraies femmes, des femmes du peuple, des femmes émancipées. Ce dont nous manquons pour nous insurger comme le dit aussi Miguel Benasayag, ce n’est pas de motifs de mécontentements, c’est de la joie nécessaire pour pouvoir se rebeller. Ce qui nous rend impuissants ce sont les passions tristes.

Entretien parau dans le Sarkophage de mars 2012



[1] Gilles Deleuze (avec Claire Parnet), Dialogues, Flammarion, 1995.

4 septembre 2012

La lutte contre les Grands projets inutiles imposés : Du refus de l’extractivisme au choix d’une société du Bien-vivre

La tenue de ce deuxième Forum européen contre les Grands projets inutiles imposés est à la fois une mauvaise nouvelle et une excellente nouvelle…

Mauvaise nouvelle car il signifie que le capitalisme productiviste est en train de passer à la vitesse supérieure en matière d’adaptation à ses propres besoins de la planète, des espaces, des infrastructures et de l’humanité (transhumanisme).. Mauvaise nouvelle aussi car les forces politiques et sociales sous-estiment trop la dangerosité de ces projets, dénonçant simplement des politiques d’images comme le  greenwashing. Le capitalisme vert est bien un vrai projet, un grand projet dont nous commençons à percevoir les contours dans tous les domaines à l’échelle mondiale. Je rêve donc que ce Forum soit un cri d’alerte qui puisse être entendu par l’ensemble des mouvements qui luttent pour poursuivre le mouvement historique d’émancipation.  Mauvaise nouvelle donc puisque si nous sommes mobilisés contre ces grands projets inutiles imposés c’est que le capitalisme est en train de passer un nouveau cap.

Ce Forum est toutefois une excellente nouvelle car il témoigne qu’une convergence est en train de se réaliser non seulement entre le social et l’écologie, non seulement entre le politique et l’éthique mais entre les luttes engagés dans les pays du Sud et celles qui se développent dans toute l’Europe contre les projets nuisibles. Ce Forum est donc une excellente nouvelle car il est le signe d’une capacité nouvelle à (re)politiser des enjeux trop longtemps considérés comme secondaires…Nous renouons ainsi avec la longue histoire des résistances populaires contre ce que les puissants ont toujours présenté comme le progrès et qui n’est que l’organisation de la société, du monde, de la conception même de la vie au service d’une petite minorité.  Nous sommes aujourd’hui les descendants des paysans refusant le passage de la faucille à la faux, ceux des communautés se mobilisant pour défendre leurs droits au ramassage des bois morts, au glanage, ceux des ouvriers cassant certaines machines, ceux des villages mobilisés contre l’implantation des grands barrages, etc. Nous avons derrière nous une longue histoire dont nous pouvons être fiers. 

Les mouvements socialistes étaient encore très sensibles à ces questions au 19e siècle. Il suffit pour s’en convaincre de relire leurs critiques de la ville et de l’industrialisation. Il a fallu la montée de l’économisme (cette idée que « plus serait forcément égal à mieux »), il a fallu une vision linéaire et déterministe de l’histoire avec l’idée d’un enchainement automatique des modes de production (après le capitalisme, étape nécessaire, viendrait nécessairement le socialisme…), il a fallu le renoncement à mener la lutte dans le champ de la consommation et même de la production (avec le sabordage des mouvements coopératifs), il a fallu finalement que nous réduisions le combat à la seule question d’un partage plus juste du gâteau, sans s’interroger sur sa recette (qu’est-ce qu’on produit ?comment et pour quels besoins ?) pour que les gauches perdent le mode d’emploi de la critique des grands projets capitalistes. Nous avons accepté les modes de vie qui sont ceux du capitalisme, oubliant que le capitalisme n’est pas seulement un système économique reposant sur l’exploitation mais un style de vie, avec ses aménagements, ses produits spécifiques. Nous avions oublié majoritairement chemin faisant que si le capitalisme donne à jouir …il s’agit d’une mauvaise jouissance, d’une jouissance d’emprise, d’une jouissance d’avoir, celle du « Toujours plus » (de richesses économiques et de pouvoir).

Un petit village antiproductiviste a bien toujours résisté mais tellement minoritaire, tellement ridiculisé qu’il avait presque fini par devenir pessimiste. Nous avons su cependant au 20 e siècle entretenir cette critique des modes de vie capitalistes et productivistes et des grands projets qui leurs sont consubstantiels, avec la critique des éléphants blancs en Afrique, ces mégaprojets sans rapport avec les besoins réels de la population, avec le choix d’une médecine aux pieds nus et des dispensaires plutôt qu’une fuite en avant dans l’industrialisation médicale, avec les travaux d’Illich et de tant d’autres sur la santé, sur l’école, sur l’économie vivrière. Nous avons refusé le nucléaire, le bétonnage des rivières, la gentrification urbaine. Nous ne partons donc pas de rien ni sur le plan théorique ni sur le plan matériel. Ce qui est nouveau cependant et dont témoignent non seulement ce Forum mais le renouveau des mobilisations contre les Grands projets inutiles imposés, c’est que nous pouvons enfin renouer avec un antiproductivisme enfin optimiste.

Le Sarkophage, journal des gauches antiproductivistes, salue donc votre Forum. Nous savourons plus particulièrement deux choses dans ces mobilisations.

1)    Cette critique des Grands projets inutiles imposés nous (re)vient d’abord des pays les plus pauvres, notamment de l’Amérique du Sud et de l’Afrique. Nous devons nous mettre à l’écoute de tous ces nouveaux gros mots qui se cherchent pour dire les nouveaux chemins d’émancipation : le sumak kawsay des amerindiens, le Buen-vivir équatorien et bolivien, la vie pleine en Inde, l’eudémonia, la vie bonne, en Grèce, etc. Tous ces « nouveaux gros mots » participent au renouvellement de la pensée politique et des formes d’organisation, des modalités de la résistance. Ce combat contre les Grands projets inutiles imposés est l’une des formes que prend l’engagement pour le Buen-vivir (le Bien vivre) à travers non seulement des expériences de luttes mais un bagage conceptuel nouveau.

 

Les plus pauvres nous ont fait cadeau ces dernières années du concept d’extractivisme et d’anti-extractivisme qui ne condamne pas seulement le pillage des ressources naturelles et le saccage de la planète mais dénonce toutes les logiques de « maldéveloppement » imposées aux peuples. Notre combat contre les Grands projets inutiles imposés est pour moi la traduction européenne de ce combat contre l’extractivisme prédateur. L’extractivisme désignait au départ les activités de prélèvement et de commercialisation des produits de la forêt (bois, gomme, fibres, fruits). Cette notion s’est étendue ensuite à toutes les industries qui supposent d’exploiter TOUJOURS PLUS les ressources (charbon, pétrole, etc), mais aussi aux mono-industries agricoles et aux grandes infrastructures. Ce mouvement contre l’extractivisme est né au Brésil dans la lignée du mouvement des paysans sans terre. Ces mêmes communautés ont fondé le MAB (Mouvement des affectés par les barrages) lorsque le gouvernement brésilien à décidé de construire de nouveaux barrages. Le MAB n’est pas opposé à l’énergie hydraulique mais estime qu’elle est déjà largement suffisante pour couvrir les besoins réels de la population. J’aurai presque envie de dire les besoins de la population réelle (face aux enrichis). Le problème ce sont en effet les intérêts économiques en jeu derrière la construction des barrages et la vente de l’énergie produite. Le grand slogan du MAB c’est « l’énergie pour quoi et pour qui »…Les amerindiens parlent eux de « zones de sacrifices » pour désigner ces territoires destinés à fournir matières premières et énergie au capitalisme. Ce discours anti-extractiviste croise celui en faveur des Biens communs puisqu’il s’agit de refuser à la fois la privatisation et les gaspillages. Il ne s’agit donc pas d’un discours purement savant mais pratico-pratique. La question de l’eau est ainsi emblématique car si les peuples s’opposent à la construction de grands barrages c’est parce qu’ils savent que, par exemple, en Equateur, les grandes exploitations agricoles qui représentent 1 % de la totalité des surface consomment 67 % de l’eau utilisée…c’est parce qu’ils savent que ce besoin de « toujours plus » d’eau est lié à l’extraction des minerais, aux puits de pétrole, aux gaz de schistes, etc. Ce concept d’extractivisme prolonge donc celui de pillage des ressources. Il dénonce l’exploitation de la nature au plus bas coût mais aussi le fait que notre système ne peut perdurer sans continuer à accroitre, toujours plus, l’extraction des ressources naturelles, la destruction des écosystèmes. Le projet Yasuni ITT (avec ses contradictions) est devenu aujourd’hui l’emblème de ce combat contre l’extractivisme. Mais comme le dit Alberto Acosta, le père du mouvement du Buen vivir en Equateur, l’initiateur du projet Yasuni-ITT et ex-président du Conseil constitutionnel, la meilleure façon, pour un européen, d’être fidèle au projet Yasuni-ITT, c’est de faire mille projets Yasuni, c'est-à-dire chez nous aussi de laisser dans le sous-sol les ressources les plus rares et les plus dangereuses. Pas d’extraction pétrolifère en Equateur, pas de gaz de schiste chez nous ! Nous devons cependant immédiatement ajouter, avec nos amis d’Amérique du Sud, que si nous refusons l’extractivisme ce n’est pas pour remplacer le pétrole par une autre énergie (fut-elle renouvelable) afin de continuer à vivre comme avant…mais c’est bien pour changer nos façons de produire et de consommer. Alberto Acosta le dit dans le Sarkophage « le Bien vivre ce n’est pas le bien-être au sens de la société de consommation occidentale ».

Ce mouvement contre l’extractivisme peut servir de matrice à de nombreux combats contre les projets pharaoniques du capitalisme vert (aéroports, autoroutes, LGV, grands barrages, mégaprojets industriels, commerciaux, touristiques, etc). Notre réflexion est en effet assez bien avancée dans certains domaines comme dans celui de l’agriculture et de l’alimentation. Nous savons comment passer d’un modèle agro-industriel délocalisé, intensif, dépendant du pétrole, gourmand en eau, générateur de GES, incapable de nourrir sept milliards d’humains à une agriculture écologique, paysanne, reposant notamment sur des circuits courts, une agriculture donnant à chacun les moyens de vivre et permettant de refroidir la planète. Nous savons grâce aux luttes du Sud dénoncer non seulement l’extractivisme agricole, celui des monocultures (soja, huile de palme, etc), mais celui lié aux plantations d’arbres en régime de monoculture industrielle qui ne sont que la réponse aux besoins de l’industrie en cellulose, en papier, en agrocarburant, et même en Mécanismes dit de développement propre (MDP). Nous devons avancer vers un anti-extractivisme conquérant dans tous les secteurs. C’est tout le sens de l’appel à « changer le système, pas le climat ». C’est tout le sens de l’Accord des peuples, issu de la première conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la terre-mère, organisé à Cochabamba en Bolivie. Les adeptes de la croissance folle nous disent… « Allez prêcher l’objection de croissance aux milliards de pauvres ». Mais nous ne leur prêchons rien. Nous nous mettons même à leur écoute. Ce sont eux qui parlent le mieux de remettre en, cause le modèle économique croissanciste, le développementalisme, le culte de la techno-science.

 

2)    Cette critique des grands projets inutiles imposés est aussi l’indice d’une nouvelle prise de conscience de l’écart qui se creuse entre une petite minorité d’enrichis et une immense majorité d’appauvris. Le slogan du mouvement des Indignés « nous sommes 99 %. Ils sont 1 % » témoigne de cette prise de conscience. Nous pouvons sans doute beaucoup plus facilement convaincre que  nous n’avons rien à gagner à ces projets. Certains verront dans cette prise de conscience l’indice d’un retour à ce qu’on nommait autrefois les frontières de classes…Frontières de classe qui redeviendront plus visibles avec le mouvement de démoyennisation de la société (cette fin programme des classes moyennes dont témoigne, par exemple, en France cette génération des Bac + 5 à 1000 euros). Non les peuples n’ont rien à gagner à ces projets qui satisfont à la fois les logiques de profit du système mais aussi ses fantasmes de toute-puissance…

Cette critique des Grands projets inutiles imposés a aussi la vertu de remettre en cause le caractère prétendument « inévitable » des décisions de nos « maitres ». Chaque fois que nous contestons un projet de ce type nous contribuons à « dénaturaliser la société ». Nous montrons donc qu’un autre monde est possible. Nous défendons ainsi l’idée qu’il n’existe pas une seule façon d’aménager la vi(ll)e. Nous montrons qu’on peut bien mieux défendre le droit au déplacement en organsiant la gratuité des transports en commun urbains qu’en généralisant autoroutes et LGV. Nous sommes donc du côté de la vraie démocratie qui est toujours de postuler la compétence des incompétents, de reconnaitre que l’expertise des citoyens, des usagers vaut bien celle des spécialistes du système, que ces spécialistes ne sont là que pour éclairer les choix, car il est bien question de choix entre des possibles…En nous opposant aux Grand projets inutiles imposés nous ne disons donc pas seulement « Non à tout ce qui nous tue », nous disons aussi « Oui à la vie »…

C’est bien parce que notre combat est celui d’un surcroit de démocratie que nous n’entendons pas nous substituer aux gens pour décider ce qui est bon pour eux, contrairement aux concepteurs, aux décideurs ; aux aménageurs du capitalisme vert. Nous entendons rendre la parole aux citoyens et usagers, pas parler à leur place. C’est pourquoi nous ne hiérarchisons pas a priori nos combats, nos mobilisations. Il n’y a pas de lutte contre un grand projet qui soit initialement plus importante qu’une autre. Il n’y a pas non plus de liste savamment préétablie de ce que serait un projet nuisible. C’est aux gens d’en décider librement, quitte à ne pas nous satisfaire.

Les gens peuvent choisir de malvivre. A nous de continuer le combat !  Nous devons nous entendre sur le principe que toutes nos mobilisations se valent : refus de la construction d’aéroport, de nouvelles autoroutes, de lignes TGV ou LGV, de grands projets touristiques et de loisirs (type Disney, bulles tropicales à deux heures de Paris, etc), grands stades type « OL Land », Tramway-gadget et caution écolo, EPR, mégacentres commerciaux, touristiques, d’affaires, grands projets d’aménagements urbains, OGM, nanotechnologies, implantation des jeux olympiques, etc. Cette liste n’est pas limitative dans la mesure justement où il s’agit bien d’apprendre à articuler la critique spécifique d’un grand projet inutile imposé et une critique globale…Chacun de ces grands projets inutiles imposés traduit l’idée d’une production qui devient toujours plus parasitaire, devient le symptôme d’un capitalisme prédateur qui ne peut plus réaliser des affaires qu’en saccageant la planète et en l’adaptant à ses besoins. Ces Grands projets inutiles imposés sont autant de manifestations d’une même junkproduction (production pourrie), une junkproduction qui s’étend sans limite (junkfood, junkfarming, junkspace, junkhealth, junkscience, junksport, etc).

Nous devons nous saisir des objets les plus visibles, les plus ordinaires. Nous avons mieux réussi la mobilisation contre McDo que contre Disneyland en raison justement de son caractère familier, de sa dimension hautement symbolique. Le combat contre les OGM est cependant un contre-exemple qui prouve la capacité à mobiliser sur un objet réputé difficile. Il faut pour cela trouver les bons mots…Il faut aussi oser des actes forts, des actes de désobéissance qui interpellent la population. Nous peinons en revanche à trouver les bons modes opératoires dans nos mobilisations contre la Wifisation, contre l’irradiation des aliments, les nanotechnologies, etc. Signe que chaque fois que le système nous enferme dans un logos prétendument scientifique…cela enferme dans un sentiment d’incompétence. Nous devons donc nous situer du côté de la réalité induite des modes de vie c'est-à-dire de la satisfaction des besoins sociaux, du côté du bon usage ou du mésusage.

Cette lutte contre les Grands projets inutiles imposés me semble aussi indispensable pour redévelopper notre sensibilité, pour redécouvrir, pas à pas, ensemble les conditions objectives et subjectives d’une malvie et d’une vraie vie. Nous avons trop estimé par le passé ce que le capitalisme a fait à la sensibilité. Ce système nous a largement insensibilisés à la fois sur le plan émotionnel et éthique. Nous devenons de ce fait moins capables de ( res)sentir ce qui s’oppose à la vie bonne. Nous acceptons des transformations néfastes de notre cadre et de notre mode de vie, non pas parce que nous serions majoritairement bêtes ou manipulés, mais parce que notre sensibilité est atrophiée, parce que nous manquons d’imagination. La grande vertu de notre combat c’est justement de partir de l’extérieur du système (ce que nous ne faisons pas lorsque nous nous contentons de revendiquer une plus grosse part du gâteau), c’est aussi de partir du vécu, du quotidien, de l’ordinaire. Cela nous permet d’agir autant avec notre cœur et nos trippes qu’avec notre seule raison.

Nous avons su faire du combat contre McDo puis contre les OGM un temps fort du combat contre la malbouffe et pour le renouveau d’une agriculture paysanne. Nous gagnons plus facilement chaque fois que  nous sommes capables de construire des alternatives : Bio local, AMAP, retour en régie de la restauration scolaire, etc. Nous peinons lorsque nous ne parvenons pas à faire renaitre des alternatives…Quels types de loisirs opposer à la Disneylandisation rampante ? Quelles alternatives type Accueil-Paysan opposer dans les Comités d’entreprise aux marchands de voyage ? Nous connaissons trop bien les arguties de nos adversaires : on nous accusera toujours d’être contre tout, d’être des ringards, des pisse-froid, de préférer l’implantation d’un méga projet chez le voisin plutôt que dans notre propre jardin… La seule façon de désamorcer ces arguties est d’aller jusqu’au bout de la critique c’est à dire de proposer d’autres projets (Les paysans du Larzac en sont un bon exemple). Pour dire les choses de façon provocante : mieux vaut inventer, comme en Italie, Slow food face à McDo, que de simplement démonter un McDo comme à Millau… Nous devons avoir un discours (des contre projets ?) qui suscitent le désir. Le grand enjeu n’est pas en effet d’en appeler à la responsabilité et encore moins de culpabiliser les gens, mais de donner envie de changer de société, de montrer qu’avec l’argent gaspillé, il serait possible de donner à chacun de quoi mieux vivre, avec la gratuité de l’eau vitale, celle des transports en commun urbains, celle de la collecte et du traitement des ordures ménagères, celle des services funéraires, etc.

 

Intervention de Paul Ariès au Forum européen sur les Grands Projets Inutiles Imposés 

 

 

4 septembre 2012

De Hollandreou à Arnaud Stakanobourg

Notre nouveau Président de la République se veut un Président normal mais sa première normalité est de dire qu’il n’y a pas de solution sans relance économique. Notre grand Ministre du Redressement productif se trouve de ce fait coincé entre la défense des emplois et du pouvoir d’achat et le pacte Merkozy que veut nous imposer « Hollandréou ». J’aimerai souffler quelques idées à mon camarade-Ministre Montebourg qui semble en panne d’imagination ce qui l’oblige à dire des bêtises sur le nucléaire et le traité européen. Arnaud, tu pourrais  devenir, avec un peu de ce volontarisme politique qu’on te connait, le tout premier Ministre de la république de la sortie du productivisme et du consumérisme…Il te suffirait de dire que l’essentiel n’est pas de créer des emplois pour distribuer de l’argent afin de pouvoir acheter de mauvais produits conçus pour ne pas fonctionner longtemps mais de produire de belles choses solides pour ne plus avoir autant besoin de trimer toute sa vie. Arnaud, tu as suffisamment de bagout pour convaincre tes petits camarades du gouvernement écolo-socialiste qu’il ne s’agit plus de vouloir créer des emplois parce qu’ils sont rentables pour le grand capital mais seulement lorsqu’il y a des besoins insatisfaits. Je te promets Arnaud que si on travaille moins (32 heures tout vde suite)…on travaillera tous. Et puis tu sais on pourrait être des chômeurs heureux avec un revenu social garanti… Arnaud, si tu veux commencer à sortir, même rien qu’un peu,  du productivisme, mets toi à l’école du Sud. Ce sont les pays pauvres qui nous font aujourd’hui des cadeaux conceptuels avec des notions comme le Buen Vivir (Bon vivre) à ne pas confondre avec le bien être au sens de la société occidentale, avec  l’anti-extractivisme qui nous dit que ce n’est pas nous, le peuple, qui avait besoin de « toujours plus » d’énergie , mais les industries polluantes qui n’ont que le profit en tête et à la place du cœur. Camarade-Ministre pourquoi n’échanges tu pas tous les grands projets inutiles qu’on nous impose (aéroports, autoroutes, circuits automobiles, exploration des gaz de schistes, stades géants, etc) contre une politique qui aurait à cœur de réparer les produits plutôt que d’en faire des neufs ? Arnaud, si tu veux commencer à sortir, même rien qu’un peu, du consumérisme stupide, pourquoi n’interdis tu pas l’obsolescence programmée, pourquoi n’allonges tu pas les délais légaux de garantie ? Pourquoi ne fixes-tu pas des objectifs de diminution des volumes d’emballages et d’usage des matières premières par branche d’activité ? pourquoi ne rends-tu pas obligatoire aux constructeurs de laisser l’accès libre aux composants, pourquoi ne donnes tu pas la priorité à la réparation avec mise en place de filières spécifiques par catégories de produits, en utilisant l’expertise d’associations existantes, en mettant en place des incitations tarifaires de type consignés, en interdisant les emballages immédiatement jetables, en prenant des mesures pour faciliter la vente en vrac, en remettant des bons d’achat à la hauteur de la valeur de la matière première rapportée lorsque l’usager d’un produit contribuera à son recyclage ? Comment peux-tu accepter que seulement 7 % de la matière première qui a servi à fabriquer un produit se retrouve dans celui-ci ? Comment peux-tu accepter que 99 % des ressources prélevées sur Dame-Nature deviennent des déchets en moins de 42 jours ? Mon bon Arnaud, je te propose de devenir le Père du pouvoir de vivre plutôt que le stakhanoviste du pouvoir d’achat et des emplois coûte que coûte… Tu vas me dire, oui, mais le pouvoir d’achat. Mais bon dieu, Arnaud si ma machine à laver dure vingt ans au lieu de cinq actuellement…tu ne vois pas que tu augmentes sacrément mon pouvoir d’achat tout en me permettant de faire autre chose de ma vie que d’être alternativement un forçat du travail et de la consommation. Qu’est-ce que tu dis Arnaud ? Que tu ne peux pas faire grand choses ? Qu’il y a les lois économiques ? Ecoute Arnaud, je te propose un deal. La gauche en 1981 avait su libérer de nouveaux territoires comme les radios libres ou plus de démocratie pour les salariés dans les entreprises avec les lois Auroux. Je te supplie de quémander au prochain Conseil des Sinistres qu’il libère de nouveaux territoires pour nous permettre d’expérimenter d’autres façons de vivre, pour que nous puissions multiplier les alternatives.  Arnaud, cesse de nous raconter des bobards. Cesse de nous faire croire à une réinsertion possible des millions de naufragés au sein de ce système qui fonctionne à l’exclusion. Arnaud, on ne te demande pas de devenir le Ministre de la désindustrialisation, on te demande juste de cesser de dire des bêtises sur la beauté du nucléaire (énergie d’avenir) et le traité Merkozy.

 

(Texte à paraitre dans le journal Le Ravi)

 

Paul ARIÈS

15 octobre 2011

Un site pour inviter à l’insurrection des existences

 

 Qui suis-je ?

  Paul Ariès, directeur de l'Observatoire International de la Gratuité (OIG), animateur du Réseau international de défense de l'élevage paysan et des animaux de ferme, ancien rédacteur en chef des revues L'immondialisation, le Sarkophage, les Zindigné(e)s, docteur en science politique, DEA de sociologue, spécialiste de l'économie-gestion de l'alimentation et de la restauration, Prix littéraire de l'Académie nationale de cuisine, ancien membre du Centre de Politologie Historique (CNRS), de l'Association de recherche pour l'existence et la santé (Université Lyon II/Lyon III), du Groupe de recherches en épistémologie politique et juridique, du Groupe d'études sur les images fixes (GEIF), ancien formateur de l'ITFS (Institut du travail et de formation syndicale), ancien co-responsable du Conservatoire de la Mémoire Militante (C2M), archives déposées au Archives Départementales du Rhône et de la Métropole de Lyon, ancien collaborateur du Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM), de la Mission Interministérielle de lutte contre les sectes (MILS), auteur d'une quarantaine de livres, direction d'une dizaine d'ouvrages collectifs, a publié notamment dans Le Monde Diplomatique, l'Encyclopedia Universalis, Golias, Politis, L'Humanité, Le Monde, etc.

 

octobre 2021 : Mon dernier livre paru : un roman (dystopique)

https://www.lautrelivre.fr/paul-aries/le-meilleur-des-mondes-vegan 

 Le Meilleur des mondes végans est le premier roman d'anticipation consacré au mouvement antispéciste et à ses liens avec le transhumanisme et les biotechnologies alimentaires. L'auteur, connu pour être un des meilleurs connaisseurs de ces mouvances, a choisi cette forme romanesque pour introduire directement au cœur des théories extrêmes de ces milieux et?décrire ce qu'il pourrait advenir si ces dangereux phantasmes passaient dans le réel... Ce voyage, en compagnie de la sous-commandante-en-Chef, de sa Conseillère-spéciale Miss Tobor, des Grands- Prêtres végans et antispécistes, des Gentilles Firmes Véganes, est aussi l'occasion de découvrir les résistants écolo-omnivores, campant résolument du côté des passions joyeuses et du vivant. Ce roman se lit comme un thriller. L'humour et la dérision (et même l'autodérision) sont au menu. À lire sans modération, avant d'accepter toute augmentation humaine ou animale, toute panspermie dirigée et toute terraformation funestes. 

 

Mes derniers papiers

Volailles, retour à la cage départ

https://alimentation-generale.fr/chronique/volailles-retour-a-la-cage-depart/

 

Présidentielles 2022 : Comment construire la gratuité de l'eau

https://www.legrandsoir.info/presidentielles-2022-construire-la-gratuite-de-l-eau-elementaire-oui-mais-comment.html

 

Présidentielles 2022 : Comment construire la gratuité de l'énergie élémentaire

https://bellaciao.org/Vers-une-energie-gratuite-et-sans-nucleaire

 

Présidentielles 2022 : Comment construire la gratuité des transports en commun urbains et des TER

https://www.legrandsoir.info/presidentielles-2022-vers-la-gratuite-des-transports-en-commun.html

 

Revue La Recherche : la politique est née à table !

https://www.scienceshumaines.com/la-politique-est-nee-a-table-rencontre-avec-paul-aries_fr_43536.html 

 

Paul Ariès animateur du Réseau de défense de l'élevage paysan et des animaux de ferme 

 

Défense de l'élevage paysan et du droit à l'alimentation

Site du réseau No Vegan au service du droit à l'alimentation, de la défense de l'élevage paysan, des animaux d'élevage, contre les lobby de la viande, des céréales, de la finance, contre les faux laits, fromages, viandes cellulaires ou a-cellulaire

http://novegan.canalblog.com

  

 Entretien avec Brigitte Gothière, dirigeante de L214

https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/tendance-vegan-incidence-brigitte-gothiere-paul-aries/

 

La gratuité plus économe que le système marchand

https://usbeketrica.com/fr/article/paul-aries-gratuite-decroissance-transports

Paul Ariès est depuis 2014 Directeur de l'Observatoire International de la Gratuité (OIG). 

Sites offiiciels de l'OIG

 

L'Observatoire international de la gratuité (OIG) - Appel pour une civilisation de la gratuité

L'Observatoire international de la gratuité (OIG) lance une mobilisation continue en vue de mettre la question de la gratuité au coeur de la refondation d'un projet émancipateur et des municipales de 2020.

http://appelgratuite.canalblog.com

 

 

gratuité-service-public

sur la gratuité du service public : eau vitale, transports en commun, bouclier énergétique, services culturels, restauration scolaires, services funéraires.. La gratuité comment c'est possible ? quels retours d'expérience ? Mieux que le revenu universel....

http://vivelagratuite.canalblog.com

 

 

 

Paul Ariès a dirigé les revues L'immondialisation (2004), Le Sarkophage (2007-2012) puis les Zindigné.e.s depuis 2011.  

 

 

  

La droite, on sait ce que c'est, mais la gauche écolo ?

 

Sommes-nous faits pour travailler ? 

 


 
 

Quelques interventions dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19

 

Paul Ariès: "Les crises donnent plus souvent naissance à des Hitler et des Staline qu'à des Gandhi"

Paul Ariès doit être content, il va l'avoir, sa décroissance. C'est la réflexion que nous nous sommes faite, la semaine dernière, en prenant contact avec l'un des intellectuels français les plus réputés dans les questions de décroissance. Ou plutôt, insiste-t-il, "de l'acroissance". Comprenez: la croissance différente, raisonnable, centrée sur l'humain et la préservation des ressources.

https://www.letemps.ch

 

Le confinement n'est pas la décroissance

Tribune. Laurent Joffrin titre le 21 avril "Les joies de la décroissance" au sujet des conséquences économiques et sociales du confinement actuel de presque la moitié de la population mondiale. Un éditorialiste de Libération connaît nécessairement le poids des mots et sait qu'assimiler la crise actuelle et son cortège de maux avec l'idée même de décroissance relève d'une opération idéologique.

https://www.liberation.fr

 

Faire de la politique par (gros) temps de confinement !

Par Paul Ariès Politologue, auteur de " Ecologie et cultures populaires " (Editions Utopia)

https://www.humanite.fr




Une des nombreuses interventions sur la gratuité des services publics locaux

dans le cadre des municipales 2020

 

 

L'escargot municipaliste contre le tigre capitaliste (juin 2020)

 

L'escargot municipaliste plutôt que le tigre capitaliste comme moteur des grandes villes

Tribune. Le moment est venu de mettre un escargot municipaliste plutôt qu'un tigre capitaliste dans le moteur des grandes villes, car toute accélération profite toujours aux plus riches et détruit la planète.

https://www.liberation.fr

 

 

Septembre 2019 parution de

Les vraies raisons de la pédophilie dans l'église (Larousse)

 

J’accuse l’Église d’avoir instauré la loi du secret, alors que le secret fait partie intégrante du mode opératoire des prêtres pédophiles.
J’accuse l’Église d’avoir nié ou minimisé la gravité des agressions sexuelles sur mineurs.
J’accuse l’Église d’avoir créé un climat incestueux, alors que ce registre est celui qui permet le mieux de transgresser les frontières.
 
Pour la première fois, cet ouvrage enquête sur les vraies raisons de la pédophilie dans l’Église. Paul Ariès apporte un éclairage inédit et réfute les idées reçues : non, l’homosexualité, la libération des moeurs ni même le célibat des prêtres ne sont à l’origine des crimes perpétués au sein de l’Église.
Pour en finir avec les abus de pouvoir et la loi du silence, il propose des pistes pour réformer de nombreux dogmes, en matière de sexualité, certes, mais aussi et surtout en matière de fonctionnement interne.
 sur Radio Notre Dame

Le Grand Témoin 7h30-8h30 - Paul Ariès, politologue, conférencier et essayiste. Auteur de : " Les vraies raisons de la pédophilie dans l'Église - célibat, homosexualité, libération des mœurs, où est la vérité ? " (Larousse)

Paul Ariès, politologue, conférencier et essayiste. Auteur de : " Les vraies raisons de la pédophilie dans l'Église - célibat, homosexualité, libération des mœurs, où est la vérité ? " (Larousse)

https://radionotredame.net

  

 

Contre la "sale viande" et la "fausse viande"

Pour la défense de l'élevage paysan et des animaux de ferme :

Lettre ouverte aux mangeurs de viandes qui souhaitent le rester

 

  

Paul Ariès invité d'Alternatiba-Bayonne

aux côtés de mon amie Genevève Azam

 

Une présentation rapide du livre sur le site Alimentation générale

 

Paul Ariès, défenseur de la "bonne" viande | Alimentation Générale

L'année dernière Paul Ariès publiait l'excellent " Lettre ouverte aux mangeurs de viandes qui souhaitent le rester sans culpabiliser " dont nous vous avions rendu compte ici. Au moment où L214 publie une nouvelle vidéo à charge contre les élevages industriels, nous lui avons demandé comment il analysait les relations mondiales entre consommateurs de plus en plus flexitariens et industriels de la viande.

https://alimentation-generale.fr

 

Conférence franco-basque pour la chambre d'agriculture alternative (viséo conférence)

 

Un élevage compatible avec le climat

Paul Ariès Paul Ariès est politologue, spécialiste de l'alimentation, rédacteur en chef de la revue les Zindigné.e.s, directeur de l'Observatoire International de la Gratuité (OIG), animateur du collectif de défense de l'élevage paysan et des animaux de ferme.

https://www.lurrama.org

 

 

 

Mon texte "Eloge de la gratuité" dans Le Monde Diplomatique lu par l'acteur Arnaud Romain

https://www.monde-diplomatique.fr/audio/2018-11-Eloge_de_la_gratuite.mp3

 

 

Quelques passages dans les radios et télévisions en 2019

Les végans ont-ils tout faux? - Radio - Play RTS

Dans son livre manifeste "Lettre ouverte aux mangeurs de viande qui désirent le rester sans culpabiliser" paru aux éditions Larousse, le politologue Paul Ariès remet en perspective le débat sur le mouvement végan, soutenu, selon lui, par les industriels de la biotechnologie alimentaire. Lʹessayiste y décrypte point par point de nombreuses idées reçues.
https://www.rts.ch

Manger de la viande, cʹest mal? - Radio - Play RTS
Le véganisme est un phénomène qui prend une ampleur croissante ces dernières années. Ce mouvement est souvent défendu par des personnes militantes, engagées, et accusatrices. Mais faut-il vraiment se sentir coupable de manger de la viande et des produits animaux? Certaines personnes réagissent à ces reproches avec véhémence, comme notre invité, le politologue Paul Ariès.
https://www.rts.ch

VIDEO. Paul Ariès : "le véganisme est une idéologie perverse"
François Clerel de Tocqueville franceinfo France Télévisions "Le veganisme n'est pas une façon plus branchée de se dire végétarien ou végétalien, c'est un système idéologique pervers. Raison pour laquelle je dis aux mangeurs de viande de cesser de culpabiliser" explique Paul Ariès, auteur d'un manifeste anti-vegan.
https://www.francetvinfo.fr

Paul Ariès : "Le véganisme est le cheval de Troie des biotechnologies alimentaires"

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Le politologue et historien de l'alimentation entend répondre point par point aux arguments des végans. Selon lui, ce n'est pas la consommation de viande mais le système industriel agroalimentaire qui est responsable d'un désastre écologique. Paul Ariès est politologue, essayiste et rédacteur en chef du mensuel les Zindigné.e.s.

http://www.lefigaro.fr

Paul Ariès " Être anti-vegan, c'est défendre l'unité du genre humain "

Alimentation. Écologiste et penseur de la décroissance, Paul Ariès entre en guerre contre les théoriciens du véganisme. Son dernier livre est la première publication du réseau fraîchement créé No Vegan, qui s'attaque à " l'élevage bashing ". Entretien.

https://www.humanite.fr



Radio et télévision belge

Déculpabiliser les mangeurs de viande

Sophie Moens recevait Paul Ariès, politologue, conférencier, essayiste et auteur de l'ouvrage "Lettre ouverte aux mangeurs de viande". Un ouvrage dans lequel Paul Ariès vise à déculpabiliser les mangeurs de viandes mais aussi à remettre en perspective le débat sur le mouvement végan en décryptant point par point de nombreuses idées reçues.

https://www.rtbf.be

 

 

sur la critique du sport compétitif

 

 


 

 

 

 

Le livre-manifeste de la rentrée 2018 :

Gratuité vs capitalisme !

L'Observatoire international de la gratuité lance une campagne en 3 temps

1) publication le 5 septembre chez Larousse du livre manifeste Gratuité vs capitalisme, tout ce que vous rêvez de savoir sur les expériences de gratuité

2) lancement d'une pétition nationale en octobre

3) organsiation du deuxième forum national début 2019 à Lyon

 

Paul Ariès et Paul Jorion sur France Culture
Le prix du gratuit (4/4) : Éloge de la gratuité

A quoi pourrait ressembler un modèle économique fondé sur la gratuité de la vie quotidienne, sur la gratuité de biens et de services démarchandisés ? Peut-on construire une société de la gratuité, en partant des expériences concrètes qui fleurissent ici et là et qui ne demandent qu[...]

https://www.franceculture.fr

VIDEO. Paul Ariès : "Il faut aller vers des tarifs différenciés : plus on consomme, plus on paye."

Marie Valantin franceinfo France Télévisions Selon Paul Ariès, il faut instaurer le règne de la jouissance d'être plutôt que celui de la jouissance d'avoir : "Lorsque je parle de gratuité, il s'agit, bien sûr, d'une gratuité construite. L'école publique est gratuite mais elle est payée par nos impôts.

https://www.francetvinfo.fr
La planète est assez riche. Vers la gratuité de l'alimentation

Paul ArièsDirecteur de l'Observatoire international de la gratuité (OIG)

https://www.humanite.fr
Vers une civilisation de la gratuité ! -- Observatoire International de la Gratuité

A l'occasion de ses dix ans, l'Observatoire International de la Gratuité et ses 5000 coopérateurs lancent une grande campagne en faveur de la gratuité des services publics. Cette campagne, menée en trois temps, devrait permettre de mettre la gratuité (...)

https://www.legrandsoir.info

 

Retrouvez ci-dessous CINQ initiatives/appels dont je suis acteur :  

Un texte de  Paul Ariès (politologue), Christian Laval (professeur de sociologie),

Laurent Paillard (philosophe), Samy Johsua (professeur émérite en sciences de l'éducation).

 

Appel pour un plan B écologique et social pour l'éducation

Enseignants, travailleurs et usagers du service public d'éducation, nous considérons qu'un grand débat public sur le devenir de l'école est indispensable au succès des mobilisations. Tout projet éducatif résulte d'un projet de société. Dans la droite ligne des réformes Chatel et Vallaud-Belkacem, les réformes Blanquer continuent de soumettre l'école aux normes productivistes.

https://blogs.mediapart.fr

 Démographie et écologie

Un texte dans L'Humanité de Christian GODIN, Thierry BRUGVIN, Florent BUSSY et Paul ARIES 

 

Y A T IL "TROP" OU "PAS ASSEZ" D'HUMAINS FACE AUX LIMITES ECOLOGIQUES ?

Les milieux de l'écologie et des gauches se divisent sur la question démographique. Le capitalisme productivisme nous menace-t-il d'un trop ou d'un pas assez d'humains ? Dans cette tribune collective, Paul Ariès, Florent Bussy, Thierry Brugvin et Christian Godin dégagent des pistes de réflexion et d'action.

https://blogs.mediapart.fr

 

Pour une nouvelle alliance entre animaux, éleveurs et mangeurs !

Avec Josef Zisyadis, ancien député, Président de Slow Food Suisse, membre du Comité national suisse de la FAO.

Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial auprès de l’ONU sur la question du droit à l’alimentation,

vice-Président vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies

 Carlo Petrini, Président de slow food international

Pour une nouvelle alliance entre animaux, éleveurs et mangeurs!

Le politologue Paul Ariès, l'ancien député suisse Josef Zisyadis, le président de Slow food international Carlo Petrini et Jean Ziegler, l'ancien rapporteur spécial auprès de l'ONU sur la question du droit à l'alimentation considèrent qu'il est possible d'avoir une alimentation bonne, saine et juste pour tous, si l'on évite deux écueils.

https://blogs.mediapart.fr

 

Pourquoi les végans ont tout faux ! 

 Avec Frédéric Denhez, journaliste, chroniqueur («CO2 mon amour» sur France Inter) 

Jocelyne Porcher, sociologue, directrice de recherches à l’Inra et Paul Ariès

 

Pourquoi les végans ont tout faux

Ils prônent une rupture totale avec le monde animal, alors que manger de la viande a toujours fait partie de l'histoire humaine, un moment essentiel de partage. Cette relation doit reposer sur un élevage raisonné et bio, respectueux des sols et des terroirs. La meilleure façon d'échapper à l'alimentation industrielle.

http://www.liberation.fr

 

Pour un plan B écolo et social à la SNCF"

Plus de 35000 signatures



Pour un plan B écolo et social à la SNCF

Salariés et syndicalistes de la SNCF et usagers de ce service public, mais aussi signataires de l'appel à la convergence antiproductiviste, nous exigeons un grand débat public sur le devenir du chemin de fer. Le statut des cheminots, loin d'être un obstacle à la transition écologique, est la condition du développement d'un grand service public ferroviaire.

https://www.politis.fr

 

Pour l'interdiction des sports mécaniques

Signez l'appel lancé par Paul Ariès et Danielle Simonnet, conseillère de Paris et oratrice nationale de la France Insoumise. 

Avec Gabriel Amard, coanimateur du pôle Atelier des lois de la FI, Jacques Boutault, maire EELV du 2ème arrondissement de Paris, Jean-Marie Brohm, professeur émérite de sociologie, Claude Javeau, professeur émérite de sociologue, Université libre de Bruxelles, Fabrien Lebrun, sociologue, membre du collectif Illusio, Nicolas Oblin, sociologue, directeur de rédaction de la revue Illusio, Fabien Olier, sociologue, directeur de Quel sport ?, Marc Perelman, professeur en esthétique, Paris-Nanterre, David Ronan, sociologue, membre du collectif illusio, Patrick Vassort, sociologue

 

Appel national pour l'interdiction des sports mécaniques !

Le Comité national pour l'interdiction des sports mécaniques lance à l'occasion de la parution du livre-manifeste "Les Sports mécaniques une arme de destruction massive" un appel signé pour la première fois par des sociologues critiques du sport et par des responsables politiques nationaux.

https://blogs.mediapart.fr

 

 


 

Quatre ouvrages récents de Paul Ariès 

pour (re)penser le monde 

 

 

Le baron de Coubertin refusait que l’on fasse des sports mécaniques une épreuve olympique car il se disait convaincu qu’ils étaient une telle provocation, avec leur exhibition de richesse obscène et du culte de la puissance, qu’ils causeraient des révolutions. Face aux dirigeants de la F1 qui clament leur amour des dictateurs, n’est-il pas urgent d’interdire les sports mécaniques qui s’apparentent à de véritables armes de destruction massive ?

 La France renoue en 2018 avec le Grand-Prix de France de F1 après dix ans d’absence. Les sports mécaniques présentent une situation paradoxale. Caricature de l’idéologie sportive et de ses méfaits, comme le rappelait Albert Jacquard, il n’existe pourtant aucun ouvrage critique, ni en France ni à l’étranger.

Après avoir mis en évidence les liens étroits qui unissent historiquement la genèse des sports mécaniques à l’essor de la bicyclette, au XIXe siècle, Paul Ariès démontre que les grandes figures des sports mécaniques ont toujours été animées d’une passion forte pour l’inégalité et haineuse de la démocratie.

Cette passion permet de comprendre l’incroyable pollution sonore et aérienne, causée par les bolides, mais aussi ces formes de continuation de pratiques fortement teintées d’esprit colonialiste, comme le trop fameux Dakar, ou encore le fait que la Formule 1, parangon du capitalisme, soit un sport de riches, largement payé par les pauvres.

  

Une histoire politique de la table (Max Milo), 443 pages 

 

 

 

PAUL ARIES ANIME UN ATELIER INSOUMIS sur l'alimentation

 

Une histoire politique de l'alimentation 

  

Les rêves de la jeune Russie des soviets

 

Une histoire antiproductiviste de l'URSS

 

(22 euros, 400 pages, éditions le Bord de l'eau )

 

 Préface de Pierre Zarka ancien directeur du quotidien L'humanité

 




Une Lecture Antiproductiviste De L'histoire Du Stalinisme Préface de Pierre ZARKA De quoi l'URSS fut le nom ? En renvoyant dos à dos les analyses de droite comme de gauche, " antitotalitariennes " ou nostalgiques d'une tragédie stalinienne qui n'a pas seulement tué des millions d'humains mais jusqu'à l'idée de communisme, Paul Ariès montre que ce qu'on nomme le stalinisme fut l'antithèse du communisme ce qu'avaient pressenti beaucoup de bolcheviks dès Octobre.

http://www.editionsbdl.com

 

Conférence de Paul Ariès pour Espace Marx  


 

 

La jeune Russie soviétique était écologiste... puis Staline vint

La jeune Russie des soviets fut, entre 1917 et 1927, le pays du monde le plus avancé en matière d'écologie et de protection de la nature, assure l'auteur de cette tribune. Avant que les purges staliniennes ne frappent les écologistes et n'impose l'idéologie productiviste.

https://reporterre.net

 

 

 

 

 

Paul Ariès invité de la radio belge et de la radio québécoise 

Tendances Première : Le Dossier - Désobéir et grandir. Avec Paul Ariès. - 14/02/2018

LE DOSSIER Désobéir et grandir (ed. Ecosociété). Et si nous désobéissions, si nous cessions d'être de sages consommateurs ? Paul Ariès nous invite à suivre les réflexions des objecteurs de croissance, de l'alimentation à la désobéissance civile, en passant par la publicité, le rationnement et la gratuité.

https://www.rtbf.be

 

 

 

Divers textes de 2017-18 

 

Le Dakar, la poursuite du colonialisme par d'autres moyens

Les idolâtres du Dakar savent-ils qu'existe un fil rouge entre les premiers circuits coloniaux du XIXe siècle et ce rallye de la honte symbole de tous les conflits ? L'aventurier (sic) au volant de sa voiture, de sa moto ou de son camion sait-il que ses lointains prédécesseurs soutenaient eux aussi " apporter la civilisation " aux barbares ?

https://www.politis.fr

 

Paul Ariès : "La transition écologique ne viendra pas des 1 % les plus riches, mais des 99 %"


Dire que la décroissance rime avec la privation est une idée reçue persistante... Si on laisse croire que la décroissance n'est que privation et renoncement, que demain sera moins bien qu'aujourd'hui, on ne peut pas y arriver. Il faut penser en termes qualitatifs et non quantitatifs, ne plus penser en termes de "plus" ou de "moins".

https://www.wedemain.fr



 

Paul Ariès invité de la Radio-Télévison Suisse Romande

en compagnie de Josef Zisyadis, directeur de la semaine du goût et co-président de Slow-food suisse et de l'ambassadeur de la Suisse auprès de la FAO

Audio: Alimentation et environnement: un plat de résistance?


Comment nourrir demain jusquʹà 10 milliards de terriens sans détruire les écosystèmes tout en sʹadaptant aux changements climatiques? Tel est le défi majeur du XXle siècle! Alors que débutera en Suisse le 14 septembre "La semaine du goût" et à 15 jours de la votation populaire sur la sécurité alimentaire, "Prise de Terre" consacre toute lʹémission aux enjeux environnementaux et sociaux liés à lʹalimentation et aux modes de production de demain.
https://www.rts.ch

 

 

BALLAST | Paul Ariès : " La politique des grandes questions abstraites, c'est celle des dominants "

Entretien inédit pour le site de Ballast au secours de la planète Qu'est-ce que le " socialisme gourmand " ? Le aux éditions Utopia, a répondu à toutes nos questions - non sans avoir, auparavant, tenu à nous laisser cette citation de Marx, dans une lettre à Ruge : " Laissons les morts enterrer les morts, et les plaindre...

https://www.revue-ballast.fr

 

 

Objection de croissance, bien vivre et gratuité

(conférence Luxembourg avec ATTAC)

Si les riches détruisent la planète... les pauvres peuvent la sauver !

 

 

 

 

 

Une histoire politique de l'alimentation 

 

 

Menu du livre

Amuse-bouches
Premier service : les tables préhistoriques
Deuxième service : la table mésopotamienne
Troisième service : la table égyptienne
Quatrième service : la table grecque
Cinquième service : la table romaine
Sixième service : la table gauloise
Septième service : la table mérovingienne
Huitième service : la table carolingienne
Neuvième service : la table clérico-féodale
Dixième service : la table de la monarchie absolue
Onzième service : la table républicaine
Douzième service : la table bourgeoise
Treizième service : les tables industrielles
Sortie de table : les utopies alimentaires

 

 

 

 

 

Le livre pour ne pas croire en rond... 
"La face cachée du pape François" (Max Milo)
http://lesdessousdupape.canalblog.com/


Politis du 2 juin parle du livre de Paul Aries

   

 

 

           

        Lyon-Capitale et TLM parle du livre de Paul Ariès

 

 


  

 

 

En finir avec la centralité du travail

 

 

 

 

  Scientologie / les méthodes : Un vieux combat toujours actuel

 

 

  

 

Paul Ariès invité de la Radio-Suisse Romande août 2015

La décroissance qu'est-ce que c'est ?

 

 

 

 

 

Paul Ariès "grand témoin" au procès de Millau

 

 

Pourquoi le film collectif "La possibilité d'être un humain ?"

 




 

 

Paul Ariès invité de l"émission "Jusqu'à la lune et retour" d'Aline Pailler

 

 

 

Un nouveau pacte des droits sociaux : sur la gratuité des services publics

Paul Aries sur France culture

 

Paul Ariès en débat avec Peter Ainsworth, ancien Ministre britannique de l'écologie

 


Décroissance: mirage ou alternative crédible? par liberation

 

Ralentir ? Débat entre Paul Ariès et Martine Billard

 


Forum Îl-de-France 2030 à Bobigny : Ralentir ? par RegionIledefrance 

 

 

Projet de loi portant création de la gratuité des services publics

 

 

 

Débat improvisé et bien arrosé

avec Patrick Chamoiseau et autres amis martiniquais 

 

 

 

Quelques extraits d'émissions sur les sectes

 

Satanisme et extrême-droite 

Scientologie

 



 

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