Mouvement anti-McDo, procès de Millau...

Pourquoi j'avais accepté d'être un des seize grands témoins ?

Mes débats avec Bové...

 

Paul Ariès Grand témoin au procès de Millau


José Bové Millau Juin 2000-Part 1 par fantomasie

 

 

Publication des Fils de McDo (L'harmattan), 1997

Bien plus qu'un pamphlet anti-McDo, ce livre est une véritable psychanalyse de la multinationale au sens freudien du terme. Sur l'analyse des stratégies marketing comme sur celle du management, l'auteur multiplie les interprétations originales pour dévoiler un système à donner froid dans le dos. Dans une approche plus économique, il montre aussi les ressorts du système McDo: taylorisation poussée, standardisation, relations avec les clients ... Après avoir lu ce livre, rien ne sera plus comme avant au McDo, si toutefois vous y allez encore.

Vincent BAGARD
Alternatives Economiques n° 153 - novembre 1997

 

Début du mouvement anti-McDo en Italie et en France

 

 

Publication du Petit manuel anti-McDo, février 1999

 

Conférence de Paul Ariès à Millau fin juin 1999

à l'invitation de la confédération paysanne et de José Bové.
Grand succès, salle pleine.

Le journal de Millau titre le lendemain : "Que fera maintenant la population millavoise ?"

 

 

Le 12 aoùt 1999 démontage du McDo à Millau

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Site INA

 

Il s'agissait, pour la Confédération paysanne de protester contre la décision de l'Organisation mondiale du commerce d'autoriser les sanctions américaines (sous forme de taxation punitive de certaines importations d'origine européenne, comme le fromage au lait cru roquefort), en raison du refus de l'Union européenne d'importer des États-Unis de la viande de vache élevée aux hormones de croissance. McDonald's, entreprise d'origine américaine, représentait à leurs yeux la cible symbolique idéale, tout à la fois de la « malbouffe » et du « capitalisme apatride ». L'action, collective, réalisée à visage découvert, avait été annoncée à la police par les organisateurs.

Arrestation de José Bové et son emprisonnement

Invitation de José Bové en compagnie de Danièle Mitterrand et Paul Aries pour le lancement de la nouvelle émission phare de TF1 Dimanche midi, Amar le 12 septembre 1999

Paul Ariès et José Bové publient en février 2000, José Bové, la révolte d'un paysan

Jose Bove Bir Köylünün İsyanı

 

Les 29 et 30 juin 2000 : 100 000 personnes à Millau

Pour le procès des dix "condamnés"

Paul Ariès compte au rang des seize "Grands témoins".

Il s'exprime à la barre le premier jour.

Il tient ensuite une conférence "musclée" sur le podium.

<iframe frameborder="0" width="480" height="270" src="//www.dailymotion.com/embed/video/xbtzmd" allowfullscreen></iframe><br /><a href="http://www.dailymotion.com/video/xbtzmd_jose-bove-millau-juin-2000-part-2_news" target="_blank">Jos&eacute; Bov&eacute; Millau Juin 2000-Part 2</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/fantomasie" target="_blank">fantomasie</a></i>

 

La dépèche du 2 juillet 2000

Millau: ces deux journées qui ont réveillé le Larzac

http://www.ladepeche.fr/article/2000/07/02/103464-millau-ces-deux-journees-qui-ont-reveille-le-larzac.html

Hier encore, après une nuit de concert qui a rassemblé une foule immense, les rues de Millau étaient noires de monde pour soutenir José Bové et ses amis à leur sortie du tribunal. Vingt-cinq ans après le Larzac, deux jours ont sous les projecteurs une contestation citoyenne, jeune et généreuse. La deuxième génération Bové.

«L E monde n'est pas une marchandise et moi non plus. Voilà pourquoi je suis là »... Il est près de deux heures, dans la nuit de Millau, en plein milieu du concert. Cette grande adolescente aux joues dégoulinantes de sueur, vient de s'éclater à fond sur les rocks boum- boum et bondissant des Noir Désir. Elle est « carrément crevée » et son regard est embrumé comme cette ville sans nom à couleur océane que chantait Cabrel avec sa guitare quelques instants plus tôt. Mais elle tient à nous répéter cette phrase. Et même à la crier, sous l'effet de l'euphorie.

Peut-être l'a-t-elle lue tout simplement sur la banderole jaune collée tout là haut sur le fronton de la scène. Car Sarah, 21 ans, jeune fille de Colomiers, connaît mieux le répertoire de Zebda que celui de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), le taux de la taxe Tobin sur les transactions financières internationales, le brevetage du vivant: « S'il n'y avait pas eu le concert, j'aurais sans doute réflechi si je venais ou non. On s'est motivés avec les copains ». Les copains ajoutent derrière elle: « Motivés, motivés!» Et s arah reprend: « Mais j'aurais fait une connerie de ne pas être ici. C'est pour mon avenir et celui de millions de gens... Et quand même aussi faire la fête ».

Quelque part entre Woodstock sur Causse et rassemblement des années Larzac, le parc des sports et de détente de la Maladrerie sur les rives du Tarn, est transformé pour moitié en concert « rockant- militant » et pour moitié en méga pique-nique nocturne.

Woodstock sur Causse

Sur les prairies où sont allumées les buvettes sans Coca et les guinguettes à bonne bouffe, le fond de l'air devient frais. Le vent du Midi emporte vers la ville les chants du concert qui s'enchaînent et les hurlements du public qui se déchaîne, si bien que ces champs, à moins de cinquante mètres des baffles géantes, respirent un calme étonnant. Des milliers de gens sont paisiblement assis en petits groupes. Certains sont assoupis ou carrément endormis dans leurs sacs de couchage après une journée de chaleur, de fatigue et de foule. On refait le monde. On rit et on s'amuse. On fume parfois un peu de tout à en juger par l'odeur.

De l'autre côté du talus du pont, sur lequel circulent en permanence des centaines de piétons, juste devant la scène, au milieu de cette foule debout dont on ne voit pas le bout, l'ambiance est très chaude. Les Noir Désir en ont terminé et beaucoup de garçons, torse nu, ont tombé la chemise sans attendre Zebda dont vient le tour.

Mais c'est José Bové qui paraît. Il est accompagné de ses co-inculpés, de quelques-uns de ses grands témoins venus de tous les continents, de dessinateurs de presse (Wolinski, Cabu)... Il est acclamé, nommé, salué au même rang que ces stars d'une chanson enfin (ré)engagée et d'une jeunesse qui à Millau pendant deux jours rêvait et revendiquait.

« Nous avons eu raison de démonter McDo »

Il va parler, Bové. Après les conférences de presse, les dépositions à la barre du tribunal, les discours improvisés sur les marches du palais ou le podium de la place du Mandarous, avant le meeting de clôture, le message va encore jaillir sous la moustache. Toujours avec ce ton de pâtre rassurant et de pacifiste lucide, ce poing levé d'homme décidé, José Bové leur dit: « A Millau, vous êtes 120.000. Deux fois plus qu'à Seattle. Vous montrez que vous êtes capables de résistance face à l'OMC, aux marchands du monde, de sa diversité, de ses richesses. La sentence de notre jugement, c'est vous qui l'avez prononcée: nous avons eu raison le 12 août 1999 en démontant le Mcdo ».

Le fast-food de la ville, fermé depuis jeudi, photographié comme un lieu-culte pendant ces deux jours, est juste de l'autre côté du Tarn. José ne l'évoque plus. Il demande à la foule, à cette jeunesse de scander longuement trois mots: « Liberté, égalité, fraternité ». « C'est notre devise. Elle est belle et elle devrait devenir la devise de tous les citoyens », leur explique-t- il.

Car la confédération paysanne se veut républicaine. Et à sa façon mondialiste, comme nous l'explique Philippe Piquet, militant du Limousin et membre du service d'ordre de la confédération, accoudé hier matin aux barrières devant le tribunal: « Nous ne sommes pas contre la mondialisation. Ce que nous rejetons, c'est une mondialisation guidée par le seul ultra libéralisme ».

Si on ne lutte pas contre les OGM qui le fera?

En ville, samedi matin, ils sont encore des milliers. Beaucoup ont les yeux rouges et les cernes basses. La musique a joué jusqu'à l'aube.

Entre un café en terrasse ou assis sur le trottoir, une promenade dans les ruelles ombragées, ils écoutent les compte- rendus ponctuels du procès. Ils sifflent les réquisitions et applaudissent les bons mots des plaidoiries qu'on leur rapporte au fur et à mesure. Comme la veille, ils accueillent la sortie des prévenus dans une ambiance et avec des slogans de soir de victoire. Les « Dix » sont parfois appelés, embrassés par leurs amis et leurs voisins.

Yvon Lazennec, 50 ans, syndiqué Sud Rail à Paris ne connaît pas ces paysans: « Mais quelle expérience! Ce qu'ils ont pu faire ici est formidable. Vous avez vu tous ces jeunes? C'est la génération Bové!» Génération Bové? Alors, Julien et Monique, 19 ans, de Decazeville, vêtus de tee-shirt blancs anti-ONG en sont. Ils ont dormi « quelques heures voire quelques minutes dans la voiture » et ils sont restés samedi: « Si on ne lutte pas à notre âge contre les OGM, contre la mal-bouffe qui le fera? On ne veut pas d'une société productiviste. Bien sûr qu'on apprécie qu'il y ait un concert, mais on a joué ici notre rôle de citoyens ».

Pascal JALABERT

 

 

Paul Ariès publie au moment des élections présidentielles de 2007

"José Bové le candidat condamné" (Golias) 

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Pourquoi ne pas suivre Bové/Cohn-Bendit ?

Dany le noir, Dany le rouge, Dany le vert, Dany l'orange, Dany le bleu

 

"L'homme appartient à la caste de ceux qui entrent dans l'Histoire de leur vivant. Il parle, dit-on, avec ses tripes, pique des colères noires devant les caméras, gesticule tel un éternel adolescent. En vérité, le nom de Cohn-Bendit représente aujourd'hui une telle disjonction entre le signe et le sens qu'il était devenu urgent de publier cet ouvrage. "Dany le Rouge" a toujours été plus libéral que libertaire. Il est le meilleur avocat du capitalisme vert, l'homme dont le système a besoin pour imposer ses fausses solutions à la crise. Entré chez les Verts par opportunisme, sa course politique le rapproche peu à peu de la droite décomplexée. Chantre de la mondialisation, enfant chéri des médias, il allie superficialité et supercherie au bénéfice de son hypernarcissisme. Voici une biographie pamphlétaire qui laisse de côté les affres de l'homme pour s'attaquer avec précision à la "pensée DCB" et aux contradictions politiques de ce "fou du roi". L'enjeu, c'est une écologie qui ne soit pas qu'un programme de relance capitaliste"

 

Paul Ariès explique pourquoi Bové doit renoncer

à faire carrière dans la représentation des autres

Texte publié dans le mensuel la décroissance de février 2011

"José du côté obscur de la force" par Paul Ariès

« Je suis radical dans ma vision et pragmatique dans ma pratique. »  José Bové, Bakchich.info, 29-04-2009. Si nous sommes nostalgiques de José le « radical », l’homme à la faux, à la pipe et aux menottes, nous restons de marbre devant Bové le « pragmatique », se laissant porter par les escaliers mécaniques du parlement européen pour rejoindre dans un parking souterrain le chauffeur de sa Mercedes noire lustrée. Allez José, après avoir rempli sagement ton mandat de député des Verts-Europe Ecologie, reviens faire la révolution avec nous, désobéis !

Je fais partie des militants objecteurs de croissance qui ont longuement cheminé avec José : conférence à sa demande préparatoire au fameux démontage du McDo, ouvrage d’entretien juste après sa première sortie de prison, « grand témoin » lors du procès de José et des 9 inculpés, marche nationale pour la décroissance avec l’âne Jujube et l’ami François Schneider aux côtés de Serge Latouche et d’Albert Jacquard, etc.

Ce José-là, avec ses moustaches de gaulois rebelle, on l’aime tellement qu’on aurait voulu qu’il accepte, en 2007, d’être le candidat des idées de la décroissance. En 2002, Pierre Rabhi s’était en effet retiré de la campagne faute d’obtenir les 500 signatures de grands élus. Cette fois, on voulait faire campagne jusqu’au bout même si nous n’avions pas les parrainages, histoire de faire parler de décroissance. Mais José Bové a tranché : il serait seulement un candidat 100 % antilibéral. Nous sommes revenus plusieurs fois à la charge, car nous savions que nous avions besoin d’une grande gueule pour porter nos idées, celle de la remise en cause de la foi béate dans le progrès, celle d’une rupture avec le mythe d’une croissance verte soi-disant génératrice d’emplois et d’écologie.

Le cirque médiatique
José a de la suite dans les idées et sa réponse n’a pas changé : le moment n’était pas encore venu, selon lui, de porter haut les couleurs de l’antiproductivisme et de l’objection de croissance. Les conditions n’étaient pas réunies. Nous avons finalement campé durant sa campagne dans une posture qualifiée alors d’« accompagnement critique » : Oui à José, non à Bové ! Anticapitaliste certes mais pas seulement. Notre argumentation était simple ! Mieux valait un faible score obtenu sur des thèmes permettant de créer un nouvel espace politique, qu’un bon score obtenu au prix d’une campagne ne rompant pas avec les gauches antilibérales mais productivistes. La campagne Bové n’a finalement permis de faire ni du « neuf » ni un bon score électoral, preuve par l’absurde que l’antilibéralisme et l’anticapitalisme ne suffisent plus. Ce double échec a été très vite et très bien analysé par certains proches de José comme l’ami Youlountas. Le Plan B a également diffusé en DVD un excellent film de Damien Doignot, José Bové, le cirque médiatique. Ce film entendait poser la question du dévoiement médiatique dans lequel seraient tombées les candidatures Bové et Besancenot en acceptant l’humiliation et la bêtise des plateaux télé. Le pire, c’est qu’il ne s’agit même pas de la force du système qui mangerait tous les candidats, car ce choix fut, chez Bové, totalement assumé. Il résulte d’une stratégie consciente qu’exprime très bien celui qui relança sa campagne, Yannis Youlountas : il s’agissait ni plus ni moins d’utiliser le système, y compris avec ses côtés les plus sordides. Yannis expliquait que l’heure était à la « démoscopie » c’est-à-dire à la manipulation des masses. Le stratège boviste ajoutait donc : « il nous faut passer (une dernière fois ?) par une figure charismatique capable d’être le nom rassembleur d’un mouvement sans chef mais avec un symbole et un porte-étendard » ; « Bové représente un crédit d’image nécessaire pour gagner puis sortir de ce système. »

Docteur José, Mister Bové
Comme La Décroissance n’est jamais partisane de tirer sur des ambulances, nous avons su modérer notre déception. Nous avons même invité José à nos contre-Grenelle, mais sans succès. C’est que Bové était déjà ailleurs : il avait accepté durant l’entre-deux-tours, le 27 avril, une mission auprès de la candidate Ségolène Royal. Acceptation fort contestable au regard du contenu de la campagne de la dame de Désirs d’avenir, au moment même, de surcroît, où la candidate « socialiste » voulait débaucher Bayrou et lui proposer le poste de Premier ministre. Bové mordit peu après à l’hameçon sarkozyste en répondant favorablement à l’appel de l’homme du Fouquet’s en acceptant de participer au Grenelle de l’environnement. Bové n’a cependant pas seulement participé à cette mascarade, il n’a jamais cessé d’encenser la grande prêtresse gouvernementale du développement durable, Nathalie Kos­ciusko-Morizet, nouvelle ministre de l’Écologie. On nous confiait à l’époque que la polytechnicienne repeinte en vert serait une alliée de choix, une vraie « écolo » empêchée d’agir par l’appareil de l’UMP. Allons donc ! NKM a conduit à bon port sarkozyste le Grenelle des dupes puis, une fois cette victoire remportée sur l’écologie antilibérale, elle a été aussitôt chargée de mettre sur les rails l’informatisation accélérée de la société en tant que secrétaire d’État à l’Économie numérique. Sans l’entourloupe du Grenelle, jamais les frères Cohn-Bendit n’auraient réussi leur OPA sur l’écologie politique, jamais l’écologie n’aurait été livrée à des technocrates verts issus d’ONG autoproclamées représentatives, avec le soutien des pouvoirs sarkozystes…

Il ne regrette rien…
Deux ans après, alors que l’un après l’autre, les participants avouent s’être trompés, Bové, lui, ne fait toujours pas partie des déçus officiels du Grenelle. Il refuse d’admettre qu’il s’est fait avoir. Il s’entête et considère que l’UMP aurait fait un hold-up (sic) sur le Grenelle mis en place pourtant par Sarkozy/Borloo/NKM. Bové annonçait même lors du vote du Grenelle 2 son soutien à la secrétaire d’État Chantal Jouanno avec laquelle, comme avec NKM, il dit ne pas avoir de problèmes. Bové défendait d’ailleurs l’idée d’une taxe carbone et expliquait à Fogiel que les États-nations étaient mieux placés pour agir que l’Europe. Le même José expliquait ailleurs que « beaucoup restent sur une logique archéo-souverainiste dans le cadre étroit de l’État-nation : enfermons-nous entre nous, et ça ira mieux comme ça ! » (Libération, 16-12-2008). Comprenne qui pourra ! Printemps 2010 : après Royal, après Borloo/NKM/Jouanno, c’est au tour de Dany et de Gaby Cohn-Bendit de démarcher José. Le voilà donc candidat des Verts-Europe Écologie, avalant pour cette « bonne cause » son bulletin de vote lors du référendum constitutionnel contre cette Europe capitaliste et productiviste. On connaît la suite : le voici élu tout jeune député européen. Comme à l’époque, les OC ne manquaient pas de compagnons de route au sein des Verts, José aurait pu être des leurs. Tiens, il aurait pu renforcer nos amis d’Utopia ou s’allier avec Cochet avant qu’il ne choisisse lui-même Hulot. Mais non, José choisira de rejoindre l’association des Amis d’Europe Écologie, à ne pas confondre avec Europe Écologie… Fondée par Gaby Cohn-Bendit, son objectif est d’en finir avec les Verts et de recentrer l’écologie. On se souvient que Gaby déclarait qu’il voulait faire d’Europe Écologie un mouvement qui aille « de José Bové à Nathalie Kosciusko-Morizet » (Canal plus, été 2009). José, tu ne pourras pas dire, demain, que tu ne savais pas !!!

La métamorphose
Beaucoup pensèrent alors : José est mort ! Vive Bové ! Le député européen marche en effet dans les pas des frères Cohn-Bendit, épousant tactiquement chacun de leurs choix. Dany veut enterrer les Verts par le biais d’Europe Écologie, Bové applaudit. Dany propulse Eva Joly comme candidate naturelle des écologistes à la présidentielle de 2012. Bové déclare aussitôt sa fougue à celle qui lave plus blanc que vert. Comment José a-t-il pu devenir Bové ? Que reste-il de José ? Il y a derrière sa conversion deux hommes : le faiseur de stars politiques Denis Pingaud, conseiller en marketing politique, celui qui inventa le Besancenot médiatique et qui cherche à imposer comme candidate depuis cet été Eva Joly, et Jean-Paul Besset, l’idéologue de la conversion des Verts à EE (voir notre écotartufe, page 6).

Du tracteur à la Mercedes
Voilà donc Bové, non seulement député mais vice-président de la « commission de l’agriculture et du développement rural » de l’Europe grâce à un coup de bluff de Cohn-Bendit. Bové est un député hyperactif. Mais que fait-il exactement ? À la base, beaucoup regrettent ce qu’ils ressentent comme une désertion. Comment être député européen sans être happé par la logique des institutions, logique mortifère dès lors que les votes des députés ne relaient pas des rapports de force construits dans des luttes sociales, dès lors que les élus croient pouvoir se substituer au peuple. On finit par se perdre parmi les eurocrates, non pas tant parce qu’on touche un salaire mensuel élevé de 6 000 euros nets dont 1 200 (seulement !) sont reversés au parti, non pas tant parce qu’on roule en Mercedes noire lustrée avec chauffeur mais parce qu’on se mettrait à penser et à vivre comme un « oui-ouiste européen » préférant l’avion au TGV, le TGV au TER, le TER au vélo et à la marche à pied. Parce qu’à trop fréquenter les puissants, on finit par y perdre son patois, parce que faute de mobilisations sociales, les camarades-députés, ministres, présidents finissent toujours par prendre les vessies libérales pour des lanternes antiproductivistes. Un exemple ? Autant j’aime bien ton blog, José, parce que tu y racontes plein de belles choses comme « l’Europe va de crises financières en crises financières. Elle renfloue les banques, elle soutient à bout de bras des fonds financiers qui ont joué avec le feu », autant tu devrais lire, parfois, celui des eurodéputés d’Europe Écologie dont tu es… On y parle de solidarité durable dans la zone euro (comme si l’euro actuel n’était pas une partie du problème), on y défend les fonds de secours créés par les États… comme s’ils ne servaient pas d’abord à sauver les banques et affamer les peuples. On y parle de bâtir un cadre solide de gouvernance (sic) et d’entreprendre la transition de l’UE vers un modèle de développement durable et social juste (sic). Un autre exemple ? José fait un gros et un bon boulot lorsqu’il dénonce les multinationales en Afrique, lorsqu’il stigmatise les accords de partenariat économique entre l’UE et les États africains, lorsqu’il défend la souveraineté alimentaire au Cameroun, lorsqu’il donne la priorité à la lutte contre le gaspillage énergétique plutôt qu’aux nouvelles technologies, lorsqu’il participe à la création d’un Comité de vigilance contre les prospections de gaz de schiste, mais comment peut-il alors encenser les Borloo/Jouanno/NKM qui font ces politiques ?

Redeviens désobéissant !
Bové a aussi fait un gros et un bon boulot en rédigeant son rapport sur le « revenu minimum des agriculteurs européens » qui propose notamment la création d’un observatoire des coûts de production et l’instauration de la transparence sur les marges des dix plus grands transformateurs, c’est-à-dire la grande distribution. Mais peut-on croire à la traduction juridique d’un texte voté avec le soutien des « socialistes » européens mais aussi du « PPE », c’est-à-dire le centre-droit européen, et voté y compris par les très sarkozystes députés de l’UMP comme Michel Dantin et Christophe Béchu, ami personnel de Sarkozy, alors que toutes les politiques menées depuis des décennies par ces mêmes forces politiques ont tué la paysannerie et favorisé l’implantation de la grande distribution. Que Bové mène le combat contre la viande clonée et les nanoparticules dans les produits alimentaires est heureux (même si certains s’y opposent juste parce que les États-Unis sont plus avancés dans ce domaine que l’Europe), mais l’Europe choisit au même moment de poursuivre sa marche en avant vers toujours plus d’OGM. La renationalisation de la question des OGM voulue par la Commission va permettre, faute de contrôle aux frontières, aux produits OGM de circuler tout à fait librement au nom du principe de non-discrimination entre productions nationales et non nationales. Peut-on dès lors se satisfaire de la réponse du député Bové lorsqu’il explique que le dernier mot devra être celui des consommateurs eux-mêmes ? Que l’Europe libérale adhère à cette vision et fasse de l’étiquetage son enjeu, c’est normal. Mais un écolo peut-il se retrancher derrière le « pouvoir » des consommateurs ?

Glissements de terrain
On sent chez Bové un glissement constant qui le conduit à partager bien des combats des libéraux libertaires du clan Cohn-Bendit. Encore un effort et Bové finira membre de Terra Nova, club de pensée patronné par Rocard qui alimente intellectuellement les écologistes libéraux à la DCB. Comment s’étonner dès lors qu’après avoir refusé en 2007 d’être un candidat antiproductiviste pour être un candidat antilibéral, Bové choisisse en 2012 de soutenir Eva Joly, qui ne combat pas le capitalisme mais entend le moraliser ? Je ne peux pas croire Denis Pingaud, son conseiller en com’ qui a impulsé sa campagne en 2007, lorsqu’il confie à Libération (18-11-2010) que Bové « déporté » lors de la présidentielle de 2007 aurait retrouvé son axe (sic). S’agit-il d’un axe plus à droite ? Ou est-ce une façon de dire que le Bovéisme n’aurait été finalement qu’une aventure personnelle ? Dans le même article, Michel Dupont, son assistant parlementaire, lui aussi un ancien de la « Conf » confie : « On se pose sans arrêt la question : est-ce qu’on va se faire baiser ou pas ? » On peut avoir une idée de la réponse en posant à Bové les questions soulevées jadis par José.

En matière d’élections, tu disais qu’il ne fallait pas être candidat si on n’était pas certain d’être élu et d’être efficace. On sait bien José que tu aimes moins le pouvoir que l’action. Mais est-ce que le monde est moins une marchandise depuis que tu es député européen avec Jadot ? José, tu dis que « les vieilles manières de faire de la politique, c’est terminé », (Politis, 11-6-2009). Est-ce pour cela que tu fais publiquement la bise à NKM ? Est-ce pour cela que tu nous as offert ce face-à-face surréaliste avec la même représentante de Sarkozy : « Bon ben écoute, moi ce que j’ai entendu hier de la part du président de la République j’ai trouvé que sur la question des OGM ça allait dans le bon sens et donc je voulais quand même le dire publiquement, parce que j’ai quand même pas l’habitude de faire souvent des compliments et là  je pense qu’il y a eu des propos importants. Alors maintenant… » Est-ce pour cela que NKM a apprécié non pas de découvrir que tu dépassais les clivages mais que tu dises les choses : « Ben merci José ! Moi j’apprécie parce que j’apprécie toujours quand on dit les choses, c’est pas toujours facile en politique et je trouve ça, je trouve ça vraiment bien. » Tu vois la grande différence entre nous, José, c’est que, toi, tu dis « travailler avec elle depuis dix ans ». Nous, nous nous contentons de la combattre depuis dix ans car nous ne pensons pas, mais vraiment pas, qu’il puisse y avoir une « Union sacrée » pour sauver la planète. L’écologie politique ou NKM, José, il faut choisir ! Comment peux-tu également ne pas voir qu’en soutenant YAB (plus qu’il ne te soutient...), tu contribues malgré toi à la ruine de l’écologie politique ?

Du patois à la langue de bois
En matière de souveraineté alimentaire, pourquoi parles-tu désormais, José, de « souveraineté alimentaire européenne ». Le maître mot de nos combats n’est-il plus la relocalisation à une échelle géographique tout de même un peu plus réduite ? S’agit-il de défendre la commercialisation de tomates espagnoles en France et de poires portugaises en Allemagne ? En matière de politique agricole globale, faut-il abandonner le terme d’« agriculture paysanne » au profit de celui d’une « agriculture durable », comme tu le fais dans Libé ?

En matière de social : José, dis-nous que tu n’es pas d’accord avec Dany Cohn-Bendit au sujet de la réforme de la retraite, en matière de SMIC jeune, de privatisation des services publics. Dis-nous que contrairement à Dany, tu ne considères pas les objecteurs de croissance comme des « crétins ». Alors José, deviens le premier député européen à prôner la « décroissance économique » et la désobéissance politique ! Toi qui préféras longtemps le dissensus au consensus, reconnais que cela aurait de la gueule, un vice-président de commission qui se ferait le chantre de la décroissance.

En matière de démocratie. Allez José, rassure-nous ! Dis-nous que tu ne feras qu’un unique mandat, car si nous devons avoir des élus, nous n’avons pas besoin d’élus à vie comme Cohn-Bendit et tant d’autres. Toi « l’anar-député », le « vice-président libertaire », ne fais pas carrière comme représentant du peuple, même si ta retraite après un mandat ne sera que de 1 200 euros au lieu des 2 500 euros si tu devais être réélu…

En matière d’écologie, dis nous, José, que les thèses de NKM te glacent d’effroi. Dis-nous que ton combat, ce n’est pas d’adapter la planète aux conséquences du réchauffement climatique mais de continuer à empêcher la barbarie qui vient. Dis-nous qu’entre l’Europe productiviste et le sort des pauvres, tu choisis la Bolivie qui dit M… au texte de Cancún. On ne pourra jamais croire que tu partages l’avis de l’eurocrate Jadot qui explique que les négociations sont de nouveau sur les rails. Bon Dieu, José, c’est lui qui déraille… Dis-nous que tu choisis l’Équateur et son plan de sortie du pétrole, dis-nous que tu vas devenir au sein du parlement européen le champion du financement par l’Europe et ses États-membres du fameux projet « Yasuni ». Dis-nous, José, que le pétrole, tu le préfères dans le sous-sol équatorien que dans les avions qui te conduisent de Montpellier à Bruxelles.

En matière politique, dis-nous que si, le 5 décembre, tu n’étais pas présent à la petite sauterie organisée par les frères Cohn-Bendit sous le nom de « Coopérative politique » avec notamment Eva Joly, Noël Mamère, Serge Orru de WWF, le second de Lepage, des membres du Modem et… Marie Bové, ce n’était pas seulement une question d’emploi du temps, mais bien parce que tu ne manges pas de ce pain ranci. Dis-nous qu’au-delà du petit jeu qui consiste à laisser croire que le seul danger serait le retour d’une écologie du « ni ni » (ni de gauche ni de droite, donc de droite), la grande question est de savoir si Europe Écologie-les Verts doit se choisir comme partenaire privilégié (sinon unique) le parti « socialiste » bien peu à gauche mais tellement productiviste. José, si, en 2012, tu veux nous faire choisir Strauss-Kahn contre Sarkozy, sur fond de montée de l’extrême droite, alors autant que tu le saches tout de suite, pour nous, ces deux candidats du productivisme, c’est « blanc bonnet et bonnet blanc » (sic). José, tu peux être d’ici 2012 la grande gueule qui appellerait à une alliance privilégiée des « écolos » avec les gauches antiproductivistes. Souviens-toi de ton soutien à la liste Audaces de Lyon (contre celle des Verts). Ne nous dis pas que ce fut une erreur de jeunesse. Bové, le vent du Larzac ne souffle pas en direction du libéralisme et des libéraux-libertaires. Redeviens notre général Luddite. Tu a su t’opposer au nucléaire, démonter un McDo, faucher des champs OGM, tu sauras bien nous déboulonner d’autres idoles du productivisme comme les frères Cohn-Bendit…. Faut-il te supplier José pour que tu acceptes d’endosser l’habit de la désobéissance européenne ? Comment peux-tu laisser croire que l’on pourrait changer le monde avec cette Europe-là ? José reviens ! Car Europe Écologie est le symptôme de la dépolitisation de l’écologie politique, de la victoire des technocrates verts sur les militants de terrain… José reviens ! Car l’Europe qui se construit sera le méchant loup qui te mangera, petit gaulois, et finira par vendre ta moustache et ta pipe..

 

 

Faire de la politique ce n'est pas faire du marketing... 

 

Paul Ariès réagit à la campagne marketing « José Reviens »

Lancé par le mal-nommé et austéritaire mensuel La décroissance 

Je suis interrogé depuis son lancement sur la campagne « José Reviens ! »[1]

Je ne suis absolument pas partie prenante de cette opération ni aucun des OC des gauches que je côtoie. J’ai effectivement utilisé cette formule depuis deux ans mais dans un sens différent. J’ai écris un livre en 2007 « José Bové le candidat condamné » (Golias) pour dénoncer son choix d’un positionnement « seulement antilibéral » et non pas anti-productiviste/objection de croissance (comme nous lui avions proposé lors de la marche nationale pour la décroissance…) et pour critiquer le choix d’utiliser dans sa campagne des recettes de marketing politique.

Je parlais cependant d’un « accompagnement critique » de sa campagne car la diabolisation de Bové (et aujourd’hui d’EELV) est contre-productive… Elle fait le jeu d’une écologie de droite, elle fait le jeu de nos adversaires. Nous avons effectivement des désaccords avec la ligne majoritaire d’EELV. Nous devons en parler en dehors de toute diabolisation, de toute caricature. C’est pourquoi j’avais répondu favorablement à l’invitation des Verts pour exposer nos critiques lors de leur Université d’été de septembre 2010… J’y avais expliqué que la charte proposé par Yves Cochet était une excellente base de discussion et qu’il ne s’agissait pas de laver plus blanc (avec Eva Joly) mais plus rouge et vert.

J’ai effectivement signé en février 2011 dans le journal La décroissance un texte nuancé publié en pages politiques sous le titre « José, du côté obscur de la force » et repris en Une sous le titre «  »José reviens » »… titre que cette opération médiatique emprunte et détourne dans un but tout autre que celui du texte initial.

Bové n’est pas un traître auquel on devrait offrir les conditions d’une repentance… Cette opération dont le style même est plus religieux que politique est dangereuse. En politique, on n’excommunie pas, en politique, on ne vend pas des actions de grâce. On ne peut critiquer José Bové sans en même temps reconnaître la qualité du travail effectué tant sur le plan de l’agriculture que sur celui des gaz de schiste…

La diabolisation et la défiguration de l’adversaire sont des procédés religieux et non pas politiques. Cette opération médiatique est donc pour moi celle de Vincent Cheynet et de sa petite clique…lui-même étant un bon représentant de cette décroissance de droite catho… Cf. le texte paru sous la plume de Jean-Baptiste Malet dans Golias Hebdo du 25 janvier 2012 sur la décroissance et «  »l’écologie, nouvelle arme des chrétiens réactionnaires » ».

Je comprends donc la position du PPLD (Parti Pour la Décroissance) dont je ne suis pas membre et qui signait le 2 janvier 2012 un long communiqué (disponible sur son site) sous le titre : «  »le journal la décroissance, la saloperie que nous n’achèterons pas ».

Je comprends la déclaration de Yves Cochet : « la tournure du journal est très virulente. Ils attaquent ad hominem les personnes qui sont les plus proches : les écolos ou les décroissants en général, plutôt que les adversaires politiques que sont les productivistes, les pro-nucléaires, les gens de droite ou d’extrême droite (…). Cheynet, je ne sais pas où il va, mais ça sent très mauvais. » (in Golias Hebdo de janvier 2012). Je comprends Jean-Paul Besset, euro-député EELV : « Cette diabolisation systématique de ceux qui ne sont pas d’accord avec ce que l’on dit, pour moi, c’est une catastrophe. C’est une démarche réactionnaire (…). Je ne lis plus ce journal car c’est un lieu de haine, d’exclusion, qui ne fait plus avancer les idées » (Golias Hebdo de janvier 2012).

Je ne signerai donc pas cet appel qui conforte les clivages qui ont fait exploser la décroissance entre une petite minorité de droite camouflée en «  »ni droite ni gauche » » et une grande majorité issue des différentes familles des gauches anti-productivistes.

Nous avons bien mieux à faire pour faire gagner la justice sociale et climatique, pour faire avancer l’idée de gratuité des services publics et celle d’un revenu garanti.

Nos rendez-vous ne sont pas ceux de la diabolisation religieuse et de la repentance. Nous organisons le forum mondial de la pauvreté fin juillet 2012 avec Emmaüs-Lescar-Pau. Nous organiserons le deuxième forum national de la désobéissance fin septembre à Grigny.

Deux livres existent sur cette scission entre décroissance de droite (ni gauche ni droite) et celles des gauches : Un qui vient de paraître chez Parangon (avec la participation de tous les milieux de la décroissance sauf ceux d’extrême droite et de droite même camouflée en ni gauche ni droite), un autre à paraître chez Golias sous la direction de Michel Lepesant, animateur du MOC (mouvement des objecteurs de croissance de sensibilité libertaire).

Salut et fraternité

Paul Ariès, Directeur de la rédaction le Sarkophage

 

Conclusion : le bide d'une campagne bidon

Le "grand succès" d'une campagne marketing anti-Bové !!

In http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fsemaphores.info%2Fwp-content%2Fuploads%2F2012%2F07%2Fstrasbourg-18-6-2012.jpg&imgrefurl=http%3A%2,

 

Septembre 2014 :

Bové avec nous dans la lutte contre le barrage de Sivens !

In La dépèche

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fstatic.ladepeche.fr%2Fcontent%2Fmedia%2Fimage%2Fzoom%2F2013%2F11%2F11%2F201311111356-full.jpg&imgrefurl

 

Paul Ariès membre du Comité de soutien

du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du TESTET

In les Zindigné(e)s de septembre 2014 

GPII : un nouveau Notre-Dame-des-Landes
dans le sud de la France
Alors que nous bouclons ce numéro et
qu’un dossier spécial est prévu dans notre
numéro d’octobre nous apprenons que cinq
de nos amis du Collectif pour la sauvegarde
de la zone humide du TESTET ont décidé
de commencer une grève de la faim.
Informez vous sur le site : http://www.
collectif-testet.org. Nous reprenons à notre
compte les questions posées au Président
du Conseil général et à Ségolène Royal,
Ministre de l’écologie.
Quels sont les besoins qui justifient
aujourd’hui 434 000 m3 d’eau pour la
salubrité ? Quelle est l’étude qui justifie
un soutien d’étiage du point de vue de la
vie aquatique et qui compare, de fait, les
impacts positifs et négatifs du barrage
de Sivens sur la qualité écologique du
Tescou ?
Quelle est la surface irriguée concernée par
le barrage de Sivens et qui sera plafonnée
comme vous l’affirmez ? Comment est-elle
répartie sur
le territoire, sur le parcours du
Tescou ? Combien d’agriculteurs s’engagent
aujourd’hui à acheter de l’eau du barrage de
Sivens et pour combien d’ha ? Quels sont les
types de cultures concernées (en hectares
ou en proportion) ? Comment le volume
d’1.5 Mm3 est-il justifié ? Pourquoi, en 2007,
le Conseil Général a-t-il fait le choix de
réaliser un barrage d’un tel volume plutôt
que de mettre en oeuvre, d’abord, des mesures
d’économies d’eau et une optimisation des
184 retenues collinaires existantes ainsi que
leur mise en conformité avec la DCE 2000
à propos des débits réservés ? Combien sera
facturée l’eau au m3 ? Quel est le montant
estimé de la participation des irrigants
au coût de fonctionnement ? Suite aux
nouveaux engagements du Conseil Général
sur les mesures environnementales,
à l’actualisation du prix d’achat des
terres agricoles et du coût des travaux,
quel est le montant actualisé du coût de
l’investissement ?
Quel est le montant actualisé du coût de
fonctionnement sur 20 ans

 

Compléments

Voir le film Coup de soleil sur Millau


Un film de Éric Pittard -
2000 - France - 54 minutes - Vidéo

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Le 30 juin 2000, a eu lieu le procès de José Bové et de 9 de ses compagnons agriculteurs qui, un an avant, s'attaquèrent au Mac Donald de Millau.
L'arrestation de José Bové, pris en photo, menottes au poignet et sourire éclatant, fit connaître le mouvement initié par la Confédération paysanne. José Bové devint la figure emblématique de la malbouffe et le symbole d'opposition résolue à la mondialisation libérale.
Ce 30 juin 2000, la Confédération paysanne organisait, à l'occasion du procès, un grand rassemblement festif où vont se côtoyer des forums, des débats et un concert avec Francis Cabrel, Noir Désir et Zebda.
Plus de 100 000 personnes furent au rendez-vous pour témoigner, discuter, chanter et apporter leur soutien aux inculpés et aux idées qu'ils défendent.
Comment rendre compte de cet événement ? Comment être acteurs et regardants ? Nous avons réuni plusieurs caméras. J'en tenais une et j'en ai distribué plusieurs (à Rémy et Hakim de Zebda, Jean-Émile Sanchez, l'un des paysans inculpés, Ahmed, un gosse de 13 ans né à Millau et membre du comité de soutien...)
Alors, nous sommes partis comme cela, en s'improvisant reporters en même temps qu'acteurs puisque les uns et les autres, nous étions présents pour jouer et apporter notre contribution à cette manifestation qui a mêlé procès, discussions, prises de parole, musiques... histoire de penser la politique, sans politiciens, les deux pieds et les deux mains dans la réalité du monde d'aujourd'hui.

 

 

 

Libération

Le procès de José Bové à Millau Gilbert LAVAL 26 juin 2000 à 01:52

Vendredi, José Bové passe en procès pour le "démontage" musclé du McDonald's de Millau, le12 août 1999. La Confédération paysanne veut faire de ce rendez-vous une grande fête contre "la mondialisation libérale", avec forums et concert dans la ville. L'audience correctionnelle elle-même est prévue pour débuter le 30 juin à 14 heures et se clore le lendemain à midi, selon le président du tribunal de grande instance, François Mallet.

Les témoins de la défense sont au nombre de seize, tels le fondateur polonais de Solidarité pour l'agriculture ou le porte-parole du Syndicat de la magistrature. Après s'être d'abord constitué partie civile, le directeur du McDonald's vient de choisir de se désengager du procès par "souci d'apaisement". Et de fermer son restaurant le jour de l'audience. "Nous refusons de nous laisser entraîner dans un débat qui n'est pas le nôtre", explique le président de McDonald's France, Denis Hennequin.

Des débats sur la mondialisation seront organisés avec le public vendredi après-midi dans le parc municipal de la Victoire, sur la place Emma-Calvé et sur l'esplanade du centre culturel. Cinq forums y seront animés par la Confédération paysanne, Greenpeace, le groupe Attac ou le sociologue Pierre Bourdieu. Le soir, Zebda et Francis Cabrel donneront un concert de soutien sur l'esplanade de la Maladrerie. Samedi après-midi , José Bové y tiendra un meeting de clôture avec les témoins du procès et le président de la Ligue des droits de l'homme.

Pendant cinq jours, Libération propose une radiographie du mouvement Bové et de ses résonances.

 

La justice passe après le sacre de Bové Gilbert LAVAL 3 juillet 2000 à 02:44 Grosse mobilisation à Millau et réquisitoire clément pour le leader paysan.

Millau envoyé spécial

Cela s'appelle rebondir. Les portes du palais de justice de Millau sont refermées. Celles de la Confédération paysanne et du mouvement antimondialisation paraissent plus que jamais devoir s'ouvrir devant eux. Les manifestants qui ont campé deux jours durant au pied du tribunal l'ont signifié à leur manière. Ils ont accueilli samedi les prévenus qui en sortaient avec un puissant "on a gagné!".

Judiciairement, leur cri de victoire est pour le moins anticipé. José Bové et ses neuf amis coprévenus devront attendre le 13 septembre pour connaître leur sort. Le jugement a été mis en délibéré. Mais au moins ce procès pour "dégradation" du McDonald's de Millau le 12 août 1999 est-il devenu dans la rue le grand "procès de la mondialisation" qu'avait souhaité en faire le leader paysan aveyronnais. "José Bové est maintenant un personnage public, une star", a d'ailleurs souligné le procureur Alain Durand dans son réquisitoire. Admettant aussi que le "petit" tribunal correctionnel de Millau s'était transformé en "tribune internationale" pour les prévenus de la Confédération paysanne.

Mobilisation. Le ministère public a marché sur des oeufs tout au long de l'audience: iI n'était pas simple de prendre en compte la mobilisation autour de José Bové et d'exiger dans le même temps que la loi soit respectée en toute circonstance. "Tout le monde semble approuver cette action de l'été dernier contre le McDonald's", a ainsi noté le procureur. Mais la légitimité, expliquait-il encore, ne vaut pas légalité: "José Bové l'ami des peuples ne peut pas rester l'ennemi de la loi." Les syndicalistes paysans et leurs avocats ont, eux, expliqué que la légitimité suffit quand il s'agit d'affronter "des règles et des lois" qui vont "contre l'intérêt des citoyens" pour le seul bénéfice de quelques-uns. "C'est d'ailleurs comme ça que l'histoire s'écrit", a relevé Me Leclerc.

Le procureur a donc tâché de doser au mieux les peines requises: 10 mois de prison dont 9 avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve de 18 mois contre "l'instigateur" José Bové. Cette mise à l'épreuve, a-t-il jugé bon de préciser, est nécessaire pour que ne tombent les sursis pesant déjà sur les épaules de ce justiciable "du genre très actif". De même, il précisait que le mois ferme auquel Bové pourrait être condamné "couvrira les 23 jours de détention provisoire" accomplie par lui aux lendemains du coup de main contre McDo. Une punition donc, mais censée être la moins douloureuse possible... Pour les neuf autres prévenus, une "courte" peine de prison avec sursis lui suffirait. Parce qu'ils ne seraient que de "simples agents d'exécution", a-t-il estimé sous le regard très amusé des intéressés.

Ovation. La question de savoir si le démontage du McDo de Millau est légitime ou illégal n'a en tout cas pas paru bouleverser le président Mallet, qui avait dit très tôt que seuls l'intéressaient les coups de pioche ou de tournevis qui ont mis à mal le restaurant. Il a beaucoup feuilleté ses dossiers et souvent regardé sa montre pendant que les témoins des cinq continents défilaient à la barre. "Vous avez fini? Merci. Qu'on appelle le témoin suivant", aura été sa seule intervention. Savoir comment le peuple subit la loi du "monde marchand" telle que José Bové entend la combattre ne concerne apparemment pas le tribunal de Millau. Avec la même élégance, il a pressé les six avocats de la défense qui ont plaidé la relaxe, pour en avoir fini samedi avant 13 heures.

La présence de la foule à l'extérieur et jusque devant le tribunal a dopé les plaidoiries. "A l'Organisation mondiale du commerce, a ainsi commencé Me François Roux, les prévenus de la Confédération paysanne opposent aujourd'hui une organisation mondiale des citoyens." Me Leclerc, lui, estimait que "le monde a raison de se lever contre l'injustice". Et ajoutait qu'après la communication et les finances, il serait temps d'envisager une "mondialisation des droits". Pour ne plus laisser les citoyens de la planète "sans recours contre les décisions des organismes internationaux"... C'est une chose de plaider dans l'enceinte d'un tribunal. Le propos prend une autre dimension quand il s'adresse directement au public. L'audience close, les six avocats se sont transportés sur le podium de la place du Mandarous pour résumer leurs plaidoiries aux milliers de manifestants encore présents à Millau, qui les ont ovationnés. Au début de la semaine, José Bové s'était pris à rêver que "la fatalité change enfin de camp". Il voulait un procès politique. Quel que soit le jugement, il l'a eu.

LAVAL Gilbert Les Fils de McDO McMenu de l'ouvrage 9
Première Partie: La Planète Mc Il
1 - MeDo aux mille visages 13
- MeVillage 14
- McDo Moscou 16
- McDo Los Angeles 18
- La France-MeDo 20
2 - L'usine à hamburgers 23
-McDo c'est simple 24
-McMenu 31
- McStandard 33
Deuxième partie: McToujours 39
1 - McSolitude 39
2 - A chacun son hamburger 41
-McNouveau 41
-McCyclique 46
-McQuotidien 47
-McPartout 48
-McGénération 50
Plan
Plan
3 - Si vous n'allez pas à MeDo, MeDo ira à vous
- McAutrement
-McDrive
-McSatellite -McMobile
-MeBus, MeTrain, MePéniche -Food Piazza -McDomicile
-McEmporté -McLivré
-Hearth Express -McGhetto

Troisième partie: McDo une alimentation infraculturelle 61
- McMiracle
- Le hamburger: un pur signifiant
1 - McDo ou la régression vers le corps biologique
-McHygiéniste -McSécuritaire -McDiététique
-McAceusé
- McDéfense
2 - McDo ou la manipulation du corps libidinal
-McFemme -Mc Maternel -MeIntime
Quatrième partie: La sauce McDo
1 - Marketing-produit selon McDo
-MeVente
-McPub
-McClient
-McMangeur
2 - Marketing-image selon McDo 92
- McPsy
- McUSA
- McCulture
- McTV
3 - McDo bien plus qu'un simple restaurant 100
- McFamille
- McEnfant
- McRonald
- McProvidence
- McIntégration
- McEcolo
Cinquième partie: McManagement 123
- McDollars
- McSecret
1 - Mcjob 129
-Equipier polyvalent: un job pas un métier
- McTravail
-McMannequin
- McTaylor
-McSourire
- McEquipe
2 - La McDonalisation des équipiers 149
-McNovice
-La McDonalisation de la pensée
- La McDonalisation du discours
- La McDonalisation du corps
Plan
3 - McDo : la "Société-Mère"
- McDo : L'entreprise "psy"
-McDo : ma seconde famille
-McEgo : la logique du développement personnnel
-McContrat
-McFétiche
-McSaga
-McPièges : Les dangers de l'entreprise "psy" -McFils
-McAmour, McHaine : vers un hygiénisme social
4 - PapaMc 162
- McManager 190
- L'équipe du Management Technique 191
-Le culte du manager 195
- Le Management Technique figure de la "toute puissance" 196
-McQualité Totale 199
-McCastration 203
-McMachinisme 209
- McEvaluation 211
- McFranchise 215

McDonald's poursuit sa conquête du monde avec 15 700
restaurants implantés dans 83 pays et servant 30 millions de
repas par jour. Une nouvelle unité ouvre toutes les 7 heures.
L'Europe n'échappe pas bien sûr à cette invasion puisque
seuls trois petits villages résistent encore (Albanie, Bulgarie,
Roumanie). La France pays de la bonne chère ne fait pas
exception avec 353 unités et un chiffre d'affaires de 5,7 milliards
de françs. McDonald's avec son objectif de 20 000 restaurants
pour l'an 2 000 représente un véritable fait de société
et non un simple phénomène de mode ou de génération.
Cette transformation de la table identique d'un bout à l'autre
de la planète est logique puisque les experts de tous les pays
disent que le monde deviendra au XXle siècle un véritable village
planétaire: comment l'alimentation pourrait-elle échapper
à cette mondialisation? McDonald's constitue donc un
véritable laboratoire du futur inventant l'alimentation correspondant
à l'âge de la globalisation du monde et non pas simplement
une variante culinaire parmi d'autres. Cette
modernisation concerne chacun d'entre nous non seulement
parce qu'elle dessine ce que nous mangerons et comment
nous mangerons mais aussi parce que à croire un vieil adage
"on est ce que l'on mange". Quelle alimentation McDo concocte-
t-il donc dans ses marmites? A quoi ressemblera cet
homme qui sortira de ses milliers d'équations culinaires?
Cette McDonalisation du monde est préoccupante car elle
crée un cosmopolitisme alimentaire qui se donne comme universel.
McDonald's n'est en effet pas plus américain que chinois
ou français. Il a en effet bricolé pour la première fois
McMenu
dans l'histoire de l'humanité un produit alimentaire infraculturel
car la culture est précisément ce qui différencie les
hommes et freine donc l'homogénéisation des mangeurs. On
mangera demain partout la même chose, de la.même façon,
avec le même regard. Cette mutation est essentielle car elle
engendre de nouveaux standards alimentaires qui sapent peu
à peu les fondements de toutes nos cultures culinaires traditionnelles.
Que l'on ne s'y trompe pas en effet: McDo est plus
éloigné de la cuisine de nos grands-mères que ne l'était l'alimentation
la plus exotique qui soit. Le hamburger nous est
véritablement plus étranger qu'un plat de serpent. L'homme
mondialisé ne s'en rend déjà plus compte. Ce communisme
alimentaire à la Ubu est très inquiétant puisqu'on ne mange
jamais impunément. L'homme McDonalisé dev~a finalement
nécessairement rendre des comptes à la fois sur le plan physiologique,
psychologique, économique et sociologique. Cette
McDonalisation concerne des restaurants en propriété et
d'autres en franchise. L'objectif de cette étude n'est pas de
rendre compte des diversités de situation pouvant éventuellement
exister mais bien plutôt de percer les "secrets" du système
McDo. Nous nous sommes heurtés à de nombreuses
difficultés d'accès aux documents internes systématiquement
és "secret défense" par la direction de la "communication".
Un tel ostracisme peut être responsable de certaines
bévues ou de l'ignorance des ultimes modifications apportées
à la conception ou à la fabr~cation de tel ou tel produit. Nous
pensons cependant qu~ cette opacité ne nuit pas à la compréhension
de la logique du système qui par définition ne se
réduit pas à la somme de ses propres éléments. Cet ouvrage
entend donc frayer quelques pistes même encore broussailleuses
pour établir un premier bilan (1). Peut-être n'est-il
pas trop tard pour présenter collectivement l'addition à
McDo ? Peut-être peut-on encore rêver pour demain à une alimentation
comblant à la fois le gastronome, le parent et le
citoyen?

(1) Mes remerciements à mes étudiants de l'Université de Lyon II et
l'Institut Vatel de Lyon qui ont participé à mes divers séminaires
consacrés aux formes d'alimentation.

Première partie
Planète Mac
"ça se passe comme ça chez McDonald's"
Devise du XXle siècle

McDonald's constitue un prototype de l'entreprise moderne.
Il est ainsi selon sa propre formule beaucoup plus qu'un
simple restaurant. Il anticipe sur un futur qui déborde la
question de la restauration ou mê~.e de l'alimentation. Il
invente en effet une nouvelle façon de concevoir la place de
l'homme dans l'entreprise et donc aussi dans la société. Cette
modernité se caractérise avant tout par un formidable processus
d'homogénéisation. Cette standardisation concerne bien
sûr le produit lui-même c'est-à-dire ses matières premières,
son mode de fabrication, de commercialisation et même son
mode de consommation. Cette homogénéisation s'étend également
à ses formes de gestion de ses fournisse1.1rS, de ses
salariés et même bien sûr de sa clientèle. Ce nivellement ne
doit rien au hasard. Il est voulu, pensé, et organisé et ceci
dans le moindre détail. Il fait système au sens où il produit un
sens qui dépasse la signification de chacun de ces éléments.
Ce "système" McDo est consigné "scientifiquement" dans près
de 25 000 manuels ou fiches techniques qui s'imposent à
l'échelle mondiale. La pre.sse relève avec gourmandise
quelques dy~fonctionnements ou défauts dans l'application
de telle ou telle de ses normes standard. Chacun s'évertue à
prendre McDo en défaut par rapport à sa logique. Nous pensons
pour notre part que cette logique est en elle-même beaucoup
plus préoccupante que les loupés saris doute inévitables.
(...)