Je lançais il y a 17 ans, en décembre 1997, le Manifeste contre la banalisation de la pédophilie.

Ce manifeste récoltera environ 15 000 signatures.

Il provoquera de nombreuses polémiques...encore actuelles.

17 ans après...ce combat mérite toujours d'être mené 
 

« L’enfance est en danger. Enfants martyrisés, enfants violés, enfants dépecés, enfants programmés, enfants exploités, enfants réfugiés, enfants privés d’enfance. Ce déni d’enfance frappe de plus en plus jeune, toujours plus massivement et gravement. Les enfants du Nord pas plus que ceux du Sud ne sont épargnés. Ils sont les victimes d’un même déni d’enfance c’est-à-dire du refus de leur faiblesse, de leur fragilité. L’horreur est partout dans le monde derrière nos écrans dégoulinant de bons sentiments. Elle est le signe de l’humanité nouvelle qui se construit pour les générations futures. Quel avenir voulons-nous pour nos enfants ? Quel monde leur transmettrons-nous ? Les institutions nationales et internationales se disent impuissantes à enrayer le mal, malgré la générosité des déclarations et les efforts méritants des ONG qui labourent le terrain.
Le déni d’enfance gagne chaque jour des batailles. Il l’emporte aussi dans les têtes. On répète que ce n’est pas si grave, que « ça a toujours existé », que « ça existera toujours ». Certains revendiquent la libération de Dutroux, victime d’une société obscurantiste. Comment nous taire si nous voulons encore conjuguer l’espérance et la responsabilité ? Nous refusons tout négationnisme de la pédophilie, fut-ce sous les traits du « nouvel amour » comme nous combattrons sa banalisation sous quelque forme que ce soit. Nous n’acceptons pas la légalisation rampante du travail des enfants, fût-elle présentée comme un moyen de mieux le contrôler voire de répondre à leurs propres attentes. Nous n’acceptons pas la légalisation rampante de la prostitution enfantine au nom de la liberté des victimes, des clients et des proxénètes ou du développement économique. Nous refusons la légalisation rampante du commerce du corps humain. Nous n’acceptons pas les tentatives de dépénalisation de la pédophilie dite « douce » sous prétexte que des crimes sont plus odieux que d’autres, que la justice serait débordée, etc.

L’enfance est en danger parce que le monde moderne va mal. Nous devons réinventer ensemble une espérance responsable, capable d’engendrer une humanité meilleure. Cette espérance est aujourd’hui au prix de ce refus de toutes les compromissions. Deux principes peuvent guider dans ce combat les femmes et les hommes de bonne volonté. Le rappel des valeurs d’amour entre les hommes passe d’abord par celui des normes : les gouvernants doivent entendre les exigences des peuples qui attendent de l’Etat un sursaut éthique, c’est-à-dire un rappel du sens de la vie, des valeurs communes. Le crime contre l’enfance constitue un crime contre la société, un crime contre l’humanité. On nous propose d’adoucir les peines pour les actes les moins odieux, pour ne pas confondre dans la même sanction le pédophile « dégénéré » et le pédophile « sain » (?). Nous pensons au contraire nécessaire de durcir les textes et de faire des formes les plus abominables comme le commerce organisé des enfants un crime contre l’humanité. Le crime organisé contre l’enfance doit être dénoncé, pourchassé, sanctionné, délégitimé. Tout autre politique ne serait pas raisonnable car la défense de l’enfance engage notre responsabilité individuelle et collective face au monde à venir, face à toute espérance ».